Une fin, un peu désenchantée, pour "Lucie"

Par Tasconino, vendredi 20 octobre 2006 à 20:31

Les apparences sont trompeuses, nous n'avons besoin ni de Gaetanno Donizetti, ni de Walter Scott, ni de Lucia di Lamermoor pour nous en convaincre, 2 000 signes sur un blog peuvent nous foutre une trouille bleue.

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Information de première main, c'est Xavier Métaf qui a assassiné Adrian Ménès. Il l'a frappé avec une aiguille hypodermique enduite d'un poison violent puis l'a pendu dans les cintres du théâtre. Nous pouvons compter sur le Dr Aaron pour nous donner la formule chimique du poison.

Le chat de la mer morte, vous vous souvenez ? Ce n'est pas Ménès qui a écrit cette merde, c'est Métaf, le pauvre niais, qui en outre a cru malin de la présenter au "Maîîître". Vous imaginez l'humiliation qu'il s'est pris dans la tronche ?

La présence du metteur en scène à la fin du spectacle ? Quelle blague ! Il suffisait d'un peu de culot ou, même pas, d'une urgence. C'est le régisseur (légèrement grimé, peut-être) qui est venu saluer, en désespoir de cause. Le public n'a rien vu et les chanteurs/acteurs non plus, ils étaient trop occupés à faire la roue, à moins qu'ils aient été au courant.

Et la photo de la ravissante Luciole en robe blanche ? Alors, là, oui, le destin se tord de rire ! Luciole est une héroïne, certes, mais elle débarque, malgré elle, dans une histoire qui ne la concerne pas, et le plus effarant est qu'elle transforme un simple fait divers en feuilleton koslikien.

Essayons de débrouiller, fil par fil, cette pagaille.

Xavier Métaf : la passion de la création a rendu dément cet esprit faible. Il en est devenu meurtrier, puis il en est mort. Mort comme Lucie, comme "sa" Lucie, l'unique, l'injustement méprisée. Il pleurait, lui aussi, au volant de sa voiture lorsqu'il s'est piqué au cou.

Ainsi périssent ceux qui s'en prennent à Lucie, cette déclaration exaltée aurait valu signature si un hasard ricanant ne la lui avait fait écrire sur le premier bout de carton venu : une photo de son ex qui se trouvait dans son portefeuille.

Commissaire Scott : un flic dépressif, même avec son expérience, ne peut pas être un bon flic et lui, en matière de déprime, il a touché le gros lot. Il ne s'entend plus avec sa femme, lorsqu'il tombe amoureux, ça foire, il est insomniaque et lorsque la fatigue l'assomme, généralement assis, c'est pour mieux le réveiller avec des hallucinations.

Quelle serait votre réaction si, sur une scène de crime, vous trouviez la photo de la femme de votre vie accrochée à un cadavre ? Eh bien, il fait exactement comme vous, il pète les plombs.

Luciole : le commandant Luciole Grenier de l'IGS (Inspection Générale des Services), hormis le fait qu'il s'agit d'une brune au teint pâle à tomber par terre, est une idéaliste, elle croit à une police irréprochable au service des citoyens. Bref, elle est adorable.

Un directeur républicain (si, ça existe) l'a recrutée dans une cellule très discrète et très réduite qui a pour tâche d'enquêter sur les policiers se laissant entraîner par leurs préjugés idéologiques (si, ça existe).

Luciole, belle et libre comme elle est, a beaucoup de succès auprès des hommes qu'elle ne déteste pas, ce qui lui a valu dans le passé quelques mésaventures.

Caruso : pauvre Leporello, qu'est-ce qu'il lui a pris d'adhérer à un syndicat d'extrême droite ? Voilà un gentil garçon qui se fait manipuler par des conards et qui en arrive à faire des saloperies. C'est lui qui a fait savoir aux fronts bas qu'il était possible de compromettre Luciole dans un coup fourré.

Le suicide de Métaf était une opportunité pour manipuler les indices, faire disparaître l'aiguille empoisonnée, maquiller légèrement le mort, inventer la jeune femme en escarpins, "retrouver" une boucle d'oreille censée appartenir à Luciole.

Julie : une délicieuse jeune fille, jolie comme maman avec la fraîcheur de l'adolescence, manifestement équilibrée malgré la vie cahoteuse que lui fait vivre sa mère. Les apparences ! Julie est beaucoup plus perturbée qu'on le pense, elle a, par exemple, volé des boucles d'oreille dans le sac de la femme brune du bus.

Jeanne : reviendra-t-elle ? Cette fois-ci peut-être, mais c'est fini depuis longtemps avec Scott même si un infinitésimal reste de tendresse les dissuade, tous deux, de divorcer. Elle partira. Tôt ou tard, elle partira.

Marie-Alexandrine Casomon : plus communément appelée, dans la profession, " la mère Casomouille "; Pintadissime snobinarde, elle a fait pipi, au moins une fois, dans tous les palais de la République, chez tous les requins du CAC 40, dans toutes les boîtes branchées de Pâââris, elle se prétend même intime de Johnny, c'est dire ! Malgré sa charmante incompétence et sa béate connerie elle réussit à mettre un flic sur une fausse piste, un rêve de "fait-diversier" qu'elle n'exploite même pas.

Marc-Antoine Brénès : inutile trou du cul, fils de famille vraisemblablement un peu dealer, surnommé " bite en zinc " par ses crétins de copains, il est réellement mort brûlé vif dans l'accident de sa Lagonda. Dommage, une belle voiture.

David Newton : charmant garçon, j'attends qu'il m'invite à dîner, au diable le cholestérol et les gamma GT.

Cédric Richefeu : informaticien sans importance qui va se fourrer naïvement entre les pattes d'un vrai grand flic dépourvu d'état d'âme (l'inspecteur général Vial). S'en sortira-t-il ? En fait, on s'en fout complètement.

Que va-t-il arriver à Scott ? Professionnellement, rien. Il est désormais totalement incapable de boucler cette enquête mais personne ne lui en tiendra rigueur dans la grande boutique. Le meurtre d'Adrian Ménès va rejoindre l'incommensurable rayon des dossiers non résolus. Scott finira sa carrière "hors cadre", comme les autres, sauf s'il se met une balle dans la tête. Psychologiquement, il est mûr pour de longues années de divan. Nous le lui conseillons, et aussi de laisser son revolver au coffre.

Et à Luciole ? Elle continuera à répondre aux appels de son mystérieux patron et à accomplir ses missions sanitaires en bonne petite poulpette, gageons que les fachos seront trop cons pour l'avoir. Elle essayera de préserver Julie, tant bien que mal. Elle aura d'autres aventures avec des mecs craquants mais pas toujours recommandables.

Une chose est sûre, en tout cas, elle ne se suicidera jamais pour un homme; Luciole ce n'est pas Lucie.