A quai
Par Kozlika le dimanche 7 octobre 2007, 22:25 - Lien permanent
Le bonheur vient-il de ces deux mots : la bonne heure ? Cela voudrait-il dire qu'il vient toujours à la bonne heure ? Le bonheur est-il ponctuel ? Et si oui, pourquoi n'existe-t-il pas un indicateur des heures du Bonheur comme pour les Chemins de Fer ? Sont en grève les imprimeurs du Bonheur ? Vous comprenez, si on me disait tel jour, à telle heure, le bonheur arrivera dans votre gare à 14h42, ça m'aiderait. Notez que 21h27 aussi, n'est-ce pas. C'est juste que j'aimerais prévoir, me préparer, me faire toute belle pour son arrivée.
Et puis j'aimerais ne plus attendre trop longtemps sur le quai aussi. J'ai vite froid, vous savez, et j'ai passé des heures et des jours et maintenant des années à guetter au plus loin que je pouvais son arrivée, le cœur battant la chamade. Est-ce la bonne heure, enfin ? Le prochain bonheur est-il pour moi ? Me laissera-t-on monter pour qu'il m'emporte là-bas au loin très loin d'ici ? J'en ai croisé qui filaient vite, on y avait l'air bien, à travers les vitres filtrait une lumière douce, des rideaux chamarrés et des gens souriants.
Ou dites-moi combien de sabliers, j'en ai eu sept, très jolis. Combien de fois dois-je les retourner ? C'est que tout est si gris ici, et le temps est si long. Vous savez, je ne suis pas exigeante, je voudrais juste connaître l'heure, juste prévoir et me faire belle. Et puis je ne demande pas grand chose, seulement l'aller. Pour le retour, c'est pas la peine.
Commentaires
wouahhhhhhhh ! Respect.
Je te souhaite un Tans-Orient Express
Ton texte est émouvant, je l'ai particulièrement aimé.
Mais n'est-ce pas le bonheur inattendu qui peut être une bonne heure, celui pour lequel on est plutôt revêtu de mélancoliques vestes ?
Celui-là a un goût particulier, comme un Orient express venant à la place d'un vieux tortillard crachotant ?
bonne idée que ce sablier introduis dans ton billet comme mesureur de temps pour attendre le bonheur !
Je te souhaite tous les bonheurs du monde.
Joli texte, attendrissant plus qu'émouvant je dirais. Merci pour cette initiative du sablier. On a vécu de belles émotions grâce à toi et Samantdi.
Nostalgique à souhait. Un autre billet d'anthologie pour moi.
joli !
Encore un que tu risques de te faire piquer à qui mieux mieux ...
(+ lointain écho avec le "Voyage en train" de "mon" (!) Grand Fabien)
Le bonheur, c'est ici-maintenant, c'est cueillir la rose et le jour qui passe.
Le bonheur, c'est lire un texte de Kozlika.
Superbe !
Exigeons le service minimum - pour tous.
Dans ma ville, on peut savoir l'heure d'arrivée du bus en envoyant un SMS, tu en reçois un autre du genre : "le prochain bonheur est à une distance de 935m, temps estimé d'arrivée : 6 minutes ; le suivant...". La distance, ça doit être ça, le problème : comment calculer la distance à laquelle se trouve le prochain bonheur, dans quel espace il voyage, comment savoir si sa vitesse dans son espace correspond à quelque chose de tangible dans le nôtre...
Merci pour le Jeu.
Aaaaaaah oui ! Pablo, j'aime cette idée de la distance que tu ajoutes, la distance à l'instant T., ce qui nous en éloigne, ce qui nous fait nous éloigner. Waw, j'ai presque envie de continuer cette piste :)
Si jamais tu trouves comment faire pour obtenir un billet aller, fais-moi savoir, j'en cherche également depuis longtemps.
Wow ! j'adore ce texte :-)
Et si le bonheur n'était pas un train ; mais ce voyageur élégant, qui arpente le quai à quelques mètres de toi, dont tu vas croiser le regard dans trois secondes, deux, une, ... ?
normalement le bonheur il arrive à 13h37, non?
Attendre le bonheur comme on attend un train ? Et pourquoi pas acheter un billet au guichet tant qu'on y est ? Tarif découverte pendant les vacances...
Le bonheur il est là, tout de suite, maintenant, ou bien il ne sera jamais. Si tu es heureuse ici et maintenant, tu le seras toute ta vie. Mais si tu ne l'es pas tout de suite, alors tu ne le seras jamais...
Dzana
Peut-on choisir sa place dans le train ?
Je passais juste parce que l'air de rien on est le 17 et que 10 jours sans, alors que je ne te savais pas de vacances particulières m'inquiètent donc un peu.
(mais si c'est juste parce que pas envie, ça va hein)
L'expression de Dzana me semble dure.
Surtout en décalage avec la poétique de ton excellent texte.
Ceci sera sans doute aussi en décalage?
Le Mon-heure, dé-gagé de ses en-siens ou de ses ex, est sans aïe!-heur ni plus t'hard, car reculer son heur est exactement contraire à prendre du re-cul (compréhension, plaisir, sérénité) en restant seul.
Le Mon-heur ressent son en-phase, corps et esprit, avec la nature offerte, avec les oeuvres et contributions humaines d'une longue lignée de don-heurs.
En empathie avec l'autre, ici ou loin, tel qu'en lui s'aime et avance sur sa voie souvent aussi mal férrée que la nôtre, qui n'est pas vraiment à Notrheur, et dont, pour ne pas se tromper d'aiguillage et de rendez-vous, il est prudent de respecter le Sonheur.
Le hasard, qui n'est jamais in-noçant, fait très bien les choses quand certains ont la s' Aiment-heur.
Jouer contre les entraves à son bonheur, à celui des siens, et avec les moins chanceux, gagne sur la solitude kafkaienne d'une gare inconnue dans l'attente d'un symbole qui n'en finit pas d'être en retard.