Et tu as de vrais amis aussi ?
Par Kozlika le mardi 13 mai 2008, 14:18 - Lien permanent
Les billets récents de Padawan, Laurent, Sylvain Carle, ceux plus anciens de Karl ou Franck (et j'en suis sûre sûrement plein d'autres chez vous) me font immanquablement penser à maintes discussions avec des non-blogueurs, non-forumnautes, etc., et notamment un déjeuner récent avec ma mère.
Elle s'inquiétait de savoir si j'avais suffisamment de distractions pour contrecarrer mon cafard. Ça tombait justement sur une semaine riche, que je lui décrivis en quelques mots : le week-end précédent j'avais reçu une éminence belge, tel jour une amie de Toulouse était venue à la maison l'après-midi et dîner, tel autre soir un autre ami avec un dvd torride sous le bras, le lendemain j'étais invitée chez moi, soit zéro repas à préparer dans la journée puisque le midi j'avais retrouvé une avocate de ma connaissance, et j'ai continué à lui dérouler ainsi le fil d'un programme à venir fait de déjeuners et dîners en nombre respectable avec même une délégation étrangère de marathonien madrilène. Ah mais c'est très bien ça, c'est formidable même, et tu les connais d'où ces gens-là ? – Ben par Internet, tu sais les jeux littéraires, les forums d'opéra, toussa (je parle le moins possible de mon blog). – Aaaaaah, d'accord ! Mais sinon, tu vois de vrais amis aussi, au moins ?
Erm... spa gagné hein ? C'est comme si le vecteur de rencontre rendait les amis rencontrés par voie numérique numériques eux-mêmes.
En principe je fais semblant de ne pas comprendre ce «vrai». Mais ce jour-là j'ai juste évoqué mon projet d'escapade avec Plume et la visite de l'Acrobate. J'ai bien vu que ça la rassurait que je ne sois pas toujours dans un monde virtuel et que j'atterrisse de temps à autre dans la «vraie vie»...
Ah maman, maman... Et pourtant, si tu savais comme leurs programmes de s(t)imulation 3D-Touch sont bien conçus parfois...
Commentaires
Hihihi, c'est vrai, existe'-il une vie après le blogue ? Et si tu as le malheur de dire qu’hier tu as fais une soirée avec des amis rencontrés sur internet, il y a toujours quelqu'un pour te demander : ah... tu es sur Meetic? Et quand tu réponds non,en général on te dit que tu devrais essayer ;-)
Je m'évertue généralement à essayer de faire comprendre que les blogs, les forums, la messagerie instantanée, ce n'est pas particulièrement virtuel, vu que les gens qui y écrivent sont, à moins d'être des robots de spam qui ne monopolisent que fort peu mon intérêt, de vrais gens... mais si maintenant il faut défendre leur réalité jusque dans le « monde réel » !
Et parfois la contagion nous gagne. Je me fais un effet virtuel de moi-même. Et je n'en crois pas mes yeux quand j'ai mal en me cognant lorsque je me lève de l'écran. Enfin, mes yeux, je ne saurais dire, mais dugenou, si.
Là, juste maintenant, en repartant, clopinant bourg.
Hu hu, andrem !
Rire :-). Et vive internet, qui me permet de rester en contact avec mes vrais amis à l'autre bout du monde...
Nous vivons peut-être une époque unique, où les rendez-vous "physiques" après les rencontres "numériques" sont encore possibles. Peut-être que dans un proche futur, les rencontres "réelles", telles que nous les concevons maintenant, deviendront rares et vous (ou vos descendants) assisterez aux Paris-Carnets en hologramme, par exemple... En tout cas, je suis très content de vivre dans ce présent, ces "bons vieux temps" comme on dira demain, qui m'ont permis de si belles rencontres ! (Parfois inattendues, comme ce soir d'il y a un an où je courais dans un parc et où pour la première fois j'ai rencontré "en vrai" – à ma grande joie – une blogueuse que je lisais depuis un certain temps – et qui était en train de courir elle aussi). Je suppose cependant que dans ce futur dont je parle, on sera obligé d'assister en personne aux courses à pied : il s'agira là des seules "délégations étrangères" qui se déplaceront pour de bon ;-) ;-) (À propos, je dois te raconter un jour comment je suis passé, après presque deux ans, du prozac aux marathons).
Je ne crois pas à la solidité des liens tissés sur la Toile où, par essence, tout y est volatile, éphémère et virtuel.
Les "vrais amis" sont ceux que l'on rencontre physiquement et avec qui on partage des moments dans notre réalité. Le réseau social réel est comme un prolongement du réseau virtuel et lui donne corps (voix et odeurs :))). Je ne suis pas sûr qu'une amitié survive très longtemps dès que la relation se virtualise. Le net implique une distance.
Le réseau Internet permet d'agrandir son cercle d'amis réels pour peu qu'on prenne l'énergie nécessaire pour se rencontrer.
Je pense que mon point de vue doit être celui d'un vieux con. Aujourd'hui, je pense que les jeunes qui sont nés avec un clavier à portée de main doivent avoir un autre point de vue; leurs relations du réseau pouvant avoir autant d'importance que celles réelles.
En tout cas tu as l'air de quelqu'un de très sociable !
Mais il en va des rencontres Internet comme de celles dans la vie : on n'a pas moins de risque d'être "trompé" sur la personnalité ou de se tromper dans un cas que dans l'autre ! Qui n'a pas été déçu par une rencontre "réelle" ? Qui dans la vie "tangible" n'a pas rencontré quelqu'un qui se donne pour ce qu'il n'est pas ? cela aussi peut arriver via le net, les relations ne sont pas assorties d'une garantie "accident de la vie relationnelle". Il n'y pas moins de distance à franchir entre deux "moi" dans la conversation réelle que dans celle "virtuelle" ; pas moins de teneur des affinités quand elles existent.
Sans doute, on pourra se faire plus facilement une illusion sur le net que "tangiblement" : j'explique cela par la nouveauté de l'expérience, sa récence dans nos vies. Mais là aussi, ouvrons les yeux : dans la "vie réelle", nous avons tout autant tendance à ne voir que ce qui nous est montré, ou tout simplement... ce que nous voulons bien voir.
Pourtant il y a bien une différence entre une relation démarrée "virtuelle" et une relation démarrée "tangible" ; mais ce n'est pas une frontière entre deux univers dont l'un serait plus vrai et plus réel que l'autre, c'est plutôt quelque chose qui relève de la diversité propre à l'écosystème des signes de la vie et de l'humain.
C'est dommage qu'elle percoit les choses comme cela. Du moment que l'on rencontre la personne, elle est réelle, donc vraie...
Mes parents n'ont pas eu la même réaction quand j'ai rencontré mon petit ami sur le net.
Je pense qu'il y a un écart entre les rencontres numériques et réelles. On s'attache plus facilement avec du réel. Quoique les webcams et microphones ca existe, et les frontières se séparent peu à peu...
Contrairement à flo et même si une part précise (mais en cas unique à l'heure actuelle) de mon expérience personnelle tend à me prouver que j'ai tort, je pense qu'on rate moins nos rencontres précédées de virtuel dés lors qu'il s'agit d'écriture ou de photographie (et pas de sites "faits pour") et que la lecture des textes et des photos a préexisté un moment avant la rencontre physique. On dévoile tant de ce qu'on est quand on créé (quoi que ce soit).
J'aime beaucoup qu'on puisse ainsi s'affranchir de la dictature douce des "premières impressions" lorsqu'une rencontre a lieu en premier lieu "pour de vrai". On peut en effet être doté d'un physique ou d'un écart d'âge (dans un sens comme dans l'autre) qui aurait fait barrière. L'internet nous offre nos chances intérieures.
@ Pablo : j'aime beaucoup l'idée des Paris Carnet en hologrammes, il faudra le suggérer au Capitaine :-)
"tend à me prouver que j'ai tort" : et j'ai même tort en l'écrivant parce qu'en fait il ne s'agissait pas tant d'internet que de lire ce qu'écrit quelqu'un et qui apporte d'elle ou lui une connaissance intime, même s'il n'écrit pas directement sur lui-même ou son expérience de vie.
Mais justement je ne dis pas que l'on rate davantage les rencontres démarrées virtuelles que celles démarrées tangible : chaque rencontre a sa façon spécifique d'être ratée ou réussie. En revanche je ne crois pas du tout à cette histoire de dévoilement : d'abord parce qu'on n'a pas besoin que quelqu'un se dévoile, de quelle que façon que ce soit, pour devenir (ou pas) son ami. Ensuite parce que le coin de "voile" levé ne s'ouvre que sur un morceau de la personne ou de son expression, cequi est bien peu, même si on a tendance à se raconter que ça reflète un "tout", une "essence". Enfin parce que la parole même qui semble "dévoilante" peut être une affabulation ! --enfin, une fois identifiée et décryptée, l'affabulation paradoxalement "révèle" quand même bien des choses, elle trahit son auteur, c'est un peu l'arroseur arrosé.
l'écriture ou l'exposé d'une oeuvre, c'est un peu la problématique de la traduction : tradutore/tradittore, traduire/trahir, est-ce bien ainsi que l'on dit en italien ? Il y a plusieurs niveaux de lectures, qu'il s'agisse de chose mises sur le web ou de l'ensemble des signes renvoyés par la personne dans la vie "réelle".
je crois qu'il ne faut pas de trop chercher la "personnalité" (sauf à parler de personnalité sémantique) dans les écrits ou les images ; il faut prendre ce tissu pour un tissu, par pour un révélateur --sauf à considérer qu'il révèle sur lui-même.
bref. je n'est pas mon blog, ce qui ne signifie pas qu'il en soit absent. Moralité, va savoir Victoire... :)