Et les deux autres, tout le monde s'en fout ?
Par Kozlika le vendredi 30 décembre 2005, 15:36 - Lien permanent
Je ne sais pas si j'irai voir ''Rigoletto'' avec la même bande de sans-cœur que ceux avec lesquels je suis allée hier écouter L'Amour des trois oranges. Ça va être difficile, il va falloir que je prenne sur moi. Je vous explique (attention, spoiler ci-dessous, ne cliquez pas sur Lire la suite si vous devez aller voir le spectacle).
L'Amour des trois oranges, avec un titre pareil vous vous doutez bien qu'il y a trois oranges, fûtés lecteurs que vous êtes ; et si je vous dis qu'il y a aussi un prince, un roi, une fée méchante et un magicien gentil, vous pigez le truc tout de suite n'est-ce pas (et c'est là que vient le spoiler, attention) : les trois oranges sont des princesses. Eh bien, sur les trois il y en a deux qui meurent de soif, après un chant pathétique appelant à la miséricorde et tout le monde s'en fout. Le roi, le prince, la survivante, le magicien prétendument gentil. Tout le monde s'en fout, et ce qui est plus grave, même parmi notre petite assemblée. Pas un dans son compte rendu pour s'en attrister, souligner cette tragédie. C'est tout à fait désolant de voir à quel point nous devenons indifférents les uns aux autres, cloîtrés dans notre cocon petit-bourgeois. Je suis triste aujourd'hui de le constater. Voyez un peu.
Matoo, qui pourtant revendique le label concierge, ne verse pas une larme sur le sort des malheureuses. Il prétend faire le résumé de l'histoire mais passe le drame sous silence. Il se réjouit même aveuglément : « la mise en scène insiste énormément sur les aspects festifs ». Et il ose parler de « manque de pêche », mais du manque d'oranges, point ! pas un mot !
Vroumette, près de ses sous, ne fait que se féliciter de l'excellent rapport qualité-prix des places et ne dévie de ce sujet que pour se livrer à la plus détestable des activités : dénoncer les somnolences de Vrai Parisien et Gilda. Que les deux princesses dorment à tout jamais l'indiffère complètement. Indigne.
Vrai Parisien, tiens, parlons-en : prétendre qu'on n'est pas misogyne et ne retenir de tout cela que les deux méchantes et oublier les pauvres victimes asséchées, si ce n'est pas de la misogynie et de l'insensibilité, qu'est-ce donc, je vous le demande. Remarquez, peut-être qu'il dormait pendant l'agonie - quoique ce serait pire encore...
Zvezdoliki, lui, comme d'habitude, n'y a vu que des notes. Et vas-y que je te commente la partition, et zou que je te dénigre le livret (pourtant admirable de littérature : des « vers martéliens », cher ami sont à l'évidence des extraits de poèmes de Charles Martel (en tête), nul besoin de googueliser pour le comprendre.) Les seules morts dont il se soucie sont celles de ses doigts de pieds par congélation, affaire qu'il mettra bien entendu sur mon dos.
Déçue je suis, meurtrie même. Je ne peux qu'espérer que si MleMaudit, Gilda, Chris et Shaggoo n'en ont pas encore parlé, c'est que, tout comme moi, ils ont du mal à s'en remettre.
Grand Zorro, Etienne et Pascal, vous qui n'avez pas de blog, si vous avez besoin d'en parler, je vous offre un espace ici. Ce n'est pas bon de se replier sur sa douleur.
Mise à jour 17:44
Bravo à Chris, qui n'a omis aucune princesse et nous offre en prime un récit de l'histoire plus complet et plus cohérent pour ceux qui n'y étaient pas que nos délires aux uns et aux autres !
Honte à Shaggoo qui déclare être « resté sur [sa] soif et n'a même pas fait le rapprochement avec les deux décès en plein fleur de l'âge des juteuses princesses...
(Je rappelle aussi, qu'avant nous Chondre, L'Arno et Mes bouquins refermés s'y étaient rendus.)
Commentaires
que de louables intentions.... Pour le spoiler personne ne risque rien: c'était la dernière hier soir !
A boiiiire, A boiiiiireeuuuuuu, A boiiirreeeuuuuuuu, j'ai une soif de la mort qui tuuuueuuuu, A boirrrreeuuuuuuu, sinon je meureuuuuuuuuu. A boireuuuuuuuu. Gloups, elle est morte ! Bis repetita pour la deuxième, et que ça chante et que ça danse tout autour, et tzimbouboum voilatipas deux infirmiers avec leurs brancards qui débarquent pour ramasser les mortes. => Voilà une affaire vite jugulée.
Tu vois que j'y ai prêté attention. J'ai même retenue les paroles que je hurle en faisant ma diva au bureau !
En fait ça m'avait terriblement émue mais compte tenu de la raison personnelle qui motivait mon malaise à ces chants douloureux et gestes désespérés, j'ai préféré me taire afin de ne pas plomber l'ambiance bonne de la soirée.
PS : je ne dormais pas, moi madame, je regardais la flûtiste qui s'ennuyait (billet un jour prochain si le Vrai Parisien me prête une photo) ! (en fait le billet afférent à mes sommeils impromptus est là à présent )
zut, je n'arrive décidément pas à mettre des liens ici, alors je le fais à plat : http://gilda.typepad.com/traces_et_trajets/2005/12/jai_loup_le_dbu.html
PS : J'adore ton explication des vers martéliens (et dire que depuis hier, sur cette question je me tracasse :-) ) !
Quelle assemblée affreuse ! Comme je te plains, ma chère Kozlika... Nous nous sommes mieux tenu-e-s en province !
(Je suis verte de jalousie tant ça avait l'air bien -et drôle!- mais je n'ai lu que le billet de Vroumette, je vais aller voir cette histoire de pieds gelés chez Zvedo...)
Oups, désolée pour le doublon j'ai encore les doigts gelés qui font des claquettes sur ma souris !
Bah! Tout le monde sait bien qu'à l'opéra on meurt pour du faux! Bon. Pour ce qui est de mon allergie temporaire aux appels desespérés de quelques princesses orangées en plein désert... je veux bien reconsidérer la question mais pas jusqu'à l'indisgestion! :)
Euh, c'est pas vrai... moi, j'y ai bien pensé, aux deux autres. Et j'ai lu ton billet (et les autres) après. Voilà.
Merci a toi car c'est grace a tes propositions que j'ai pus découvrir un ballet a l'opéra garnier que j'ai aprécié dans cette petite loge de velours rouge avec mon shaggoo et un premier opéra qui ma laisser perplexe et sur les rotules, en tout cas il n'en reste pas moins que je serais présent a rigoletto et je suis sur que etienne sera présent.
Merci pour cette soirée organisé et a passe de bonne fête de famille
signée: un non blogeur amical
MOi j'ai trouvé ça en plus, du coup, super misogyne (il fait mourrir les gonzesses et n'en a rien à battre, il est juste content qu'il y en ait une qui survit) et raciste (la méchante est black) !!! Un peu de lyriiiiiisme et de AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAh ! Voilà c'est ça, cet opéra manquait de "AAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaah !". ;-)
Matoo a probablement raison, cela manque de AAAAAAAAaaaaah. C'est pour cela que cet opéra n'est pas monté en Amérique, et peut-être aussi pourquoi je l'aime autant. C'est la confrontation de la Comédia del Arte (improvisée) contre le texte théatral qui apparait au même moment avec Goldoni. Charles Martel et ses vers, est un jeu de mots avec Carlos Goldoni l'ennemi de Gozzi. C'est le premier opéra de Prokofiev joué au USA. Doit-on y voir son opinion sur le Jazz naissant et l'hyper-romantisme de Rachmaninov qui font fureur à ce moment là au USA?
Je suis comme Samantdi, morte de jalousie... et dire que pendant ce temps là, je me morfondais au bureau…