L'Amour des trois oranges, avec un titre pareil vous vous doutez bien qu'il y a trois oranges, fûtés lecteurs que vous êtes ; et si je vous dis qu'il y a aussi un prince, un roi, une fée méchante et un magicien gentil, vous pigez le truc tout de suite n'est-ce pas (et c'est là que vient le spoiler, attention) : les trois oranges sont des princesses. Eh bien, sur les trois il y en a deux qui meurent de soif, après un chant pathétique appelant à la miséricorde et tout le monde s'en fout. Le roi, le prince, la survivante, le magicien prétendument gentil. Tout le monde s'en fout, et ce qui est plus grave, même parmi notre petite assemblée. Pas un dans son compte rendu pour s'en attrister, souligner cette tragédie. C'est tout à fait désolant de voir à quel point nous devenons indifférents les uns aux autres, cloîtrés dans notre cocon petit-bourgeois. Je suis triste aujourd'hui de le constater. Voyez un peu.

Matoo, qui pourtant revendique le label concierge, ne verse pas une larme sur le sort des malheureuses. Il prétend faire le résumé de l'histoire mais passe le drame sous silence. Il se réjouit même aveuglément : « la mise en scène insiste énormément sur les aspects festifs ». Et il ose parler de « manque de pêche », mais du manque d'oranges, point ! pas un mot !

Vroumette, près de ses sous, ne fait que se féliciter de l'excellent rapport qualité-prix des places et ne dévie de ce sujet que pour se livrer à la plus détestable des activités : dénoncer les somnolences de Vrai Parisien et Gilda. Que les deux princesses dorment à tout jamais l'indiffère complètement. Indigne.

Vrai Parisien, tiens, parlons-en : prétendre qu'on n'est pas misogyne et ne retenir de tout cela que les deux méchantes et oublier les pauvres victimes asséchées, si ce n'est pas de la misogynie et de l'insensibilité, qu'est-ce donc, je vous le demande. Remarquez, peut-être qu'il dormait pendant l'agonie - quoique ce serait pire encore...

Zvezdoliki, lui, comme d'habitude, n'y a vu que des notes. Et vas-y que je te commente la partition, et zou que je te dénigre le livret (pourtant admirable de littérature : des « vers martéliens », cher ami sont à l'évidence des extraits de poèmes de Charles Martel (en tête), nul besoin de googueliser pour le comprendre.) Les seules morts dont il se soucie sont celles de ses doigts de pieds par congélation, affaire qu'il mettra bien entendu sur mon dos.

Déçue je suis, meurtrie même. Je ne peux qu'espérer que si MleMaudit, Gilda, Chris et Shaggoo n'en ont pas encore parlé, c'est que, tout comme moi, ils ont du mal à s'en remettre.

Grand Zorro, Etienne et Pascal, vous qui n'avez pas de blog, si vous avez besoin d'en parler, je vous offre un espace ici. Ce n'est pas bon de se replier sur sa douleur.

Mise à jour 17:44

Bravo à Chris, qui n'a omis aucune princesse et nous offre en prime un récit de l'histoire plus complet et plus cohérent pour ceux qui n'y étaient pas que nos délires aux uns et aux autres !

Honte à Shaggoo qui déclare être « resté sur [sa] soif et n'a même pas fait le rapprochement avec les deux décès en plein fleur de l'âge des juteuses princesses...

(Je rappelle aussi, qu'avant nous Chondre, L'Arno et Mes bouquins refermés s'y étaient rendus.)