Encore un petit tour et on passe à autre chose
Par Kozlika le lundi 20 février 2006, 19:30 - Lien permanent
Je ne comptais pas en remettre une couche sur Firefox, la pub, le libre, le féminisme, etc., mais les deux billets de Laurent Denis ont le grand mérite de laisser le débat ouvert et m'incitent à lui répondre de façon un peu plus construite. Je ne voulais pas envahir ses commentaires, je préfère donc le faire d'ici.
Laurent,
Il y a plusieurs points sur lesquels je choisis de revenir séparément. L'inconvénient d'un billet par rapport à une discussion est celui de figer en quelques phrases un point de vue qu'on nuancerait sans doute si l'on avait prennait le temps de s'étaler ou à tout le moins, comme tu l'as fait, d'expliquer son point de vue posément. Les deux miens étaient sur le mode épidermique - leurs commentaires aussi d'ailleurs !
Une pub décalée ?
Elle ne l'est pas, le porno chic c'est la tarte à la crème du moment. Mettre une femme en petite tenue pour vendre n'importe quoi est une pratique courante. Je n'ai pas sous la main d'image des affiches ou d'encarts publicitaires liés à un produit technologique mais il y a eu des précédents. Pour la hi-fi ça fait déjà quelques années que le bon son est associé à la sensualité (ce qui n'est pas parfaitement illogique d'ailleurs), pour les sociétés d'informatique j'en ai vu également. Pour les navigateurs je ne sais pas je ne lis pas de presse informatique, mais le contraire serait bien étonnant. Tu vois on en est tellement abreuvé à toutes les sauces que je n'arrive même pas à imaginer une catégorie de produits qui n'aurait pas utilisé à un moment où à un autre le ressort de ce type d'image.
Tu dis : décalée parce que ne faisant pas directement référence aux aspects techniques. Disons plutôt décalée par rapport aux messages promotionnels de Firefox spécifiquement alors. Parce que des pubs des fournisseurs d'accès ou des téléphonies mobiles par exemple, ça fait longtemps qu'elles ont quitté ce terrain. Plutôt pour celui du bien-être et/ou du confort mais en tout cas bien dans cette gamme du non-technologique.
Mais surtout elle n'est pas décalée parce que des fonds d'écran avec des nanas plus ou moins dénudées... euh, pas très nouveau n'est-ce pas ? Alors quoi en plus ici ? Le logo Firefox ?
Donc, là où tu dis : décalée, moi je dis : affligeante banalité. Sauvée tout juste de la médiocrité la plus crasse par la beauté intrinsèque des photos.
L'humour
Du coup, l'humour me passe largement à côté sans cette notion de « décalage », pour moi totalement absente. Là où tu vois de l'originalité et de la dérision, je ne vois que du rebattu mille et mille fois. A cet égard par exemple la « publicité » de Tristan aujourd'hui est bien plus drôle que celle de Femfox, et pour autant que je m'en souvienne il y en a eu quelques-unes qui empruntaient aux codes des pubs lessivielles largement plus décalées que celle-ci lors de la campagne spreadfirefox. Pour Femfox, je clique sur le lien et ma seule réaction c'est « Encooooore une femme à poil ?! » et ça ne me fait pas rire parce que j'en ai soupé de la femme à toutes les sauces et de l'amalgame désir du corps et désir du produit vanté. Soupé mais soupé à un point indiscible. Au point peut-être de me faire perdre tout sens de l'humour ? Je ne l'exclus pas mais je ne le crois pas cependant.
Le visage humain
Encore une perception différente. Un truc à visage humain pour moi c'est quelque chose qui fait référence à des relations humaines : un sourire, un regard, des mains qui se touchent, que sais-je encore enfin autre chose qu'un corps parfait mais désincarné, effet accentué par le fait qu'on ne voit pas le visage du le mannequin (ce que je comprends très bien puisqu'elle exerce un métier fort différent que celui de modèle de pub). Ces photos, pas plus d'ailleurs puisque quelqu'un y faisait allusion les photos des rugbymens du calendrier ne présentent autre chose que des corps, il n'y a pas de « visage humain » là dedans - excepté au sens strict bien sûr ;-)
Tiens je reviens deux minutes sur le décalage : tu te souviens de la publicité pour Gerflor avec le génial comédien-danseur Christophe Salengro ? Voilà ce que j'appelle de l'humour, du décalage et du visage humain.
Les différentes lectures
Oui, tu as raison, les images se prêtent à différentes lectures : tu y vois de la dérision par l'absurde, j'y vois une instrumentalisation du corps des femmes et le recours aux procédés les plus racoleurs qui soient. A lire les commentaires sur le forum de Femfox, un sacré paquet d'hommes y voient quant à eux un appât aux appas bien tentants. Le « décalage » n'est manifestement pas perceptible par eux non plus. Et les initiateurs du projet auraient mauvaise grâce à prétendre s'en étonner, les mêmes réactions langue-pendante figuraient unanimement dans les commentaires des deux affiches (cette seconde reprise dans les « Episodes » actuellement proposés) que la même équipe avait soumises.
Choquée ?
Non, et par quoi le serais-je ? La nudité n'est pas choquante, le désir non plus, ni l'érotisme. Ces affiches ne sont pas choquantes le moins du monde ; elles m'agacent ou me foutent en rogne selon mon humeur du jour, en tant que campagne publicitaire : dans l'absolu elles sont plutôt très jolies même. Non, elles ne me choquent pas elles me déplaisent, exactement comme le feraient des affiches présentant un Africain tendant une tasse de chocolat estampillée Firefox, à la manière des pubs Banania ou un Corse avec un poil dans une main, l'autre posant une bombe-logo dans Internet Explorer. Cliché, cliché, cliché, chacun dans sa case étiquetée. Les femmes en fond d'écran et les hommes devant leur clavier avec le bavoir autour du cou.
La fin et les moyens
Enfin, et ça n'est pas le moins important, comme l'a noté Droop dans un commentaire sur le billet précédent, ça me dérange vraiment beaucoup que la promotion d'un logiciel libre se plie à ces codes sans la moindre réflexion sur ce qu'ils véhiculent. Pardon, je rectifie : c'est une initiative privée. Eh bien je regrette que les acteurs forts de Firefox fassent l'éloge d'une telle initiative. En soi cette pub n'a rien de plus révoltant que les milliers d'autres qu'on nous inflige à longueur de temps, mais devons-nous reproduire sans réflexion aucune les recettes qui marchent sans se poser de questions ?
Voilà, j'ai le sentiment d'avoir été très incomplète et qu'il y aurait encore beaucoup à en dire, notamment sur le dernier point, mais je sature un peu de cette discussion je l'avoue et puis il est temps pour moi de lâcher les mollets de Firefox et de passer à Opéra ;-)
Je serais reconnaissante à ceux qui auraient envie de commenter de tâcher de ne pas caricaturer les opinions des uns et des autres, si le truc vous énerve trop il y a les autres billets pour vous défouler :)
Commentaires
Quel talent ! Et quelle patience de prendre autant de temps pour expliquer !
Koz, j'aurais aimé écrire la même chose, mais je n'ai ni ton talent, ni ta patience !
Ca me rappelle très exactement l'origine du "on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui" : Desproges avait expliqué un jour qu'après des blagues "racistes", des spectateurs étaient venus le voir dans sa loge pour le féliciter : "Ah, qu'est ce que vous leur en avez mis plein la tronche, aux melons ! Bravo !". Après, il avait arrêté : il ne pouvait pas faire passer un examen de "second degré" à tous les gens qui prenaient des places pour son spectacle...
Très utiles précisions, j'aurais pas mieux dit !
Magnifique, Koz. Tu dis ce que j'aurais envie de savoir dire. Sur la pub décalée c'est exactement ça ; il est bien possible de faire du décalé avec le convenu et rebattu, mais c'est difficile, et largement au-delà des capacités de cette équipe d'amateurs (dans le sens négatif). Sur le visage humain justement, la première chose que j'aie vue était qu'il n'y a pas de visage ; que des corps morcelés.
Moi, je reste avec FF -- c'est ma plate-forme web équipée de maintes extensions. Je ne jugerai pas le produit à partir de cette campagne inofficielle de trois pauvres Français. Mais je salue le débat.
Grrrr, c'était censé être en caractères gras, non barrés. :-(
T'inquiète, je corrige :)
Parfait, rien à redire, bravo .....
Bonsoir Kozlika,
Merci pour ce billet.
Ce qui est intéressant quand l'échauffourée se termine, c'est qu'on s'aperçoit souvent que les positions tenues étaient moins opposées que complémentaires, et parfois autour d'un adversaire commun. Oui, en effet, sans cet humour qui différencie (à cette occasion) nos perceptions respectives, il ne me resterait que des images certes bien faites, mais banales et usées jusqu'à la nausée.
Je suppose qu'en d'autres occasions, devant d'autres images, nous occuperions les rôles inverses : on parle souvent de connivence en matière d'humour (avec l'objet ou l'auteur), mais cette connivence est bien souvent accidentelle, et ne tient qu'à un fil très ténu. Il suffit de peu, dans le contexte où on croise l'objet, pour le rompre...
Ah, comme je suis assez pressé moi aussi de lâcher les mollets de ce manequin et de ses photographies, j'en oublie la politesse : bienvenue dans Opera... un vieux compagnon nettement plus civilisé que tous ces jeunes parvenus d'outre-atlantique ;)
Mais, mais, mais ... cedupropriétaire...
(Merci, Koz, mais, franchement, cette syntaxe wiki m'embrouille. C'est pas cela que je voulais mettre en gras... mais aucune importance...)
Ahem, Laurent et DT, avez-vous seulement cliqué sur le lien ? :-P
Excellent quiproquo :) Il est temps d'éteindre les machines, quand on en arrive à tout lire de cette manière. Bonsoir ;)
::rougissant vivement::
Finalement, chacun lit ces images (et certainement les images en général) avec son passé, son passif d'appréhensions, de compréhensions, de prélecture, d'envie et tout simplement de ses connaissances. Perso, il y a des représentation parfaitement mysogines qui me font hurler de rire, parce que j'y vois une trace d'humour, d'autres qui m'indiffèrent, et d'autres qui m'horripilent. La différence que j'en fais c'est souvent ma lecture plus que le reste.
Reste que dans le fratras de commentaires qui succèdent ce type de billets on lits des choses intéressantes et des bétises, et puis des questions sans réponses, comme (puisqu'en fait tout cette intro pompeuse ne vise qu'à poser ces questions, je l'avoue) :
firefoxcatalogue de la redoutesavon dove.</troll-complet>bien envoyé !
Moi je trouve cela plutôt sain d'aller reluquer les mollets poilus de rugbymen. Mais est-ce tout à fait la même chose que d'utiliser le désir qu'ils suscitent pour vendre d'insignifiants objets à la pilosité défaillante ?
Comme des calendriers ?
enfin, je dis ça, moi, les rugbeux, pour avoir taté de la mélée, j'en suis revenu...
Mais hors toute vaine et stérile polémique que j'ai lancé sur les deux derniers points, quid de deux premiers surtout ? (c'est surtout sur ceux là que je n'ai pas tellement de réponse et que j'en trouve pas...)(et la réponse à ces questions ne change rien aux pubs de
firefoxla redoutedoveetc, mais juste, je sais pas quoi, mais peut être que ça fera plus avancer le smilblick)Bravo et merci pour ce billet, je suis entièrement d'accord avec ce que tu dis.
J'ai aussi apprécié le passage de Laurent Denis dans lequel il écrit : "Mais ce qui m'alarme le plus, pour le coup, c'est que nous ayons construit depuis si longtemps ces stéréotypes en faisant si peu pour apprendre à les lire, à les prendre pour ce qu'ils sont, et à maîtriser les représentations dans lesquels nous vivons. Nous enseignons comment faire ces images, mais rarement comment les lire. Plutôt que de les nier (illusoirement, je crois) en les refusant en bloc, nous pouvons apprendre à nous en protéger, ce qui inclut parfois notre sens de l'humour."
Je pense que cela nous concerne tous, hommes et femmes, et que nous avons tous intérêt à apprendre à lire les images parce qu'elles nous entourent et nous influencent.
Je réclame un pyjama de satin d'honneur pour Kozlika ! :) Y'a pas à dire, c'est la meilleure :).
En effet, il n'y a aucun phénomène de décalage dans "femfox". C'est ce qu'on appelle dans le métier un poncif, un cliché : un peu comme le visuel de couteau suisse, d'ampoule illuminée, de palette de peinture, de vitamines ("vitaminez votre épargne/système/bagnole" vous avez déjà vu peut-être...). En fait ce n'est pas du travail publicitaire, mais en effet une initiative d'amateur qui n'a pas réfléchi, ni aux enjeux en termes d'image, ni à ce qu'il y avait à dire par rapport aux valeurs de FF, de l'identité FF, de la personnalité du produit, de ce qui le distingue (dans son esprit, sa raison d'être, ses performances...). Com à visage humain ? Non plus, en effet. C'est tout sauf ça. Humour ? Où ça ? Une femme mise à nu, c'est une cible, pas un sujet d'humour. D'ailleurs il ne faut pas s'imaginer que la totalité des mecs se seront marrés. Côté humour en communication, il y a d'autres références quand même : pensez par exemple aux productions de DDB pour la fnac. Pensez, sur un autre registre, aux schémas des scénarios de 6 Feet Under, ou à Desperate Housewives, à South Park (il y en a d'autres si celles-là ne sont pas vos préférées...). Pour communiquer de façon percutante et décalée, Mozilla avait le produit, le choix argumentatif et celui du registre. S'en remettre à n'importe qui et laisser faire c'est un peu dangereux. A un moment donné, même si on pose le principe que l'utilisateur du biniou libre est libre de son expression, se pose quand même la question de l'image et du ressenti de milliers d'autres utilisateurs. Cela, je pense que Mozilla a commis l'erreur de ne pas y songer. En se situant sur un vrai registre de communication, voire de réflexion publicitaire (il y a un truc fait esseprès pour, ça s'appelle une copy strat), une telle daube aurait pu être évitée. Encore faut-il avoir la volonté de le faire. Et celle de respecter le ressenti de son public.
Sur les implications idéologiques, tout le monde s'est déjà bien exprimé, moi y compris, donc pas la peine d'en remettre une couche. D'autant plus que la personne qui a sorti ça n'a probablement pas vu les implications, et l'éléphant derrière le bosquet. Je pense à elle ce soir, et je me dis : "mais qu'est-ce qu'elle ressent ?" Ce n'est pas elle que nous critiquons, c'est une production et un contenu. Encore une fois, un contenu dont les enjeux étaient peut-être surdimensionnés pour être pris en charge par un particulier. Une communication, c'est comme la plomberie de votre maison, ça se réfléchit, ça demande du savoir faire, ça se manage. Si vous laissez vos potes faire comme ils le sentent avec vos tuyaux et votre robinetterie, ça peut devenir embêtant.
Il faudrait enfin arrêter de s'abriter derrière le "oui mais les autres ils le font" (les mags, les calendriers, tout ça...) : ce n'est pas une raison. Si 300 imbéciles se jettent du bord de la fenêtre au 10e étage parce qu'ils croient que c'est le plongeoir de la piscine municipale, vous y allez ?
Attention aussi à ne pas confondre représentation du nu et représentation discriminante (une image peut être parfaitement facho sans nudité d'ailleurs). Pensez par exemple au travail de Bettina Reims : bon exemple, parce que justement très débattu et permettant de poser la question à vif.
flo, le décalage n'est pas dans l'image telle que vous voudriez l'isoler comme un objet existant par lui seul. Il est dans le regard et dans l'objet tout à la fois (la connivence).
Par ailleurs, il faut manifestement encore le rappeler : ces publicités ne sont pas le fait de la fondation Mozilla. Je vous invite à lire l'excellent billet de Mozinet sur ce sujet, et notament ce commentaire : la réflexion dont vous regrettez l'absence a bel et bien lieu...
Ce qui m'embête le plus dans ces affiches, c'est le perpetuel déséquilibre entre le rôle de l'homme et celui de la femme.
La femme est sur l'affiche, l'homme est devant à la regarder. Nous pouvons effectivement porter le débat sur la qualité d'une campagne promotionnelle qui utilise des photos d'un esthétisme rappelant des publicités pour lingerie. Mais seulement si l'on y voyait aussi des hommes à part égale dans des poses similaires à celles que l'on peut voir chez madame.
Il serait déjà alors plutôt justifié de se poser la question de la pertinence de cette campagne, ou de l'absence de ton décalé, ironique ou satirique qui justifierai l'emploi de corps pour une autre raison que le simple voyeurisme. (Cependant je n'entre pas dans ce débat)
En l'occurence, tout nous rappelle sans cesse que la femme doit tenir son rôle d'objet, de faire valoir et pas celui d'actrice. Et de renforcer l'habitus intériorisé depuis des dizaines de générations que l'homme et la femme ne sont vraiment pas sur le même plan...et qui amène les femmes elle-mêmes à justifier leur place inférieure.
Et je suis un cuiste puisque je ne me suis même pas présenté alors que j'écris ici pour la première fois. Bonjour à tous donc. :)
Ah koz, comme je suis contente de te lire! Voilà, c'est en quelques sorte le résumé d'une discussion que j'ai eu hier soir avec mon Il.
J'ai suivi pratiquement tout le débat ici et ailleurs. J'ai fini avec un sentiment de lassitude. Qu'il y ait des choses interessantes qui ait été dite, oui, des bêtises aussi, oui, mais peu d'écoute. Ah mais ça c'est mon cheval de bataille, rire. Réaction de colère, réaction épidermique, juste une envie de dire ce qu'on pense, mais parfois j'ai ce sentiment que le propos de l'autre n'est qu'un prétexte pour servir sa propre opinion. Quelque chose où l'égo domine l'échange et où l'échange de fait en meurs. ça fini toujours par me décourager, et je le regrette... sourires et bises.
Laurent, vous soulevez un point très juste : ce qui se passe dans le regard et ce qui se passe dans l'objet regardé. Ni tout dans l'un ni tout dans l'autre en fait. La perception, c'est un truc interactif. Mais l'image est destinée à exister dans le regard : elle le convoque, elle contribue à le construire. Voir l'image d'une marmotte dans sa montagne et voir l'image d'un morceau de corps féminin revêtu de façon pré-connotée, c'est différent, non seulement mparce que le regard n'est pas le même, mais aussi parce qu'il n'est pas "appelé" de la même façon. L'image est déjà regard, intentionnalité, elle ne fait pas que se laisser lire passivement, elle ne laisse pas tout le boulot à l'oeil qui se pose sur elle. En fait cette question, il y a plusieurs réponses possibles, suivant la théorie du signe et les hypothèses de départ que l'on se donne.
Maintenant, je crois comprendre ce que vous ressentez, dites-moi si je me trompe : c'es tque dans un contexte ou le machisme n'existerait pas, la question ne se poserait pas à la vue d'une image de ce type. Mais on peut aussi se demander si une image de ce type existerait ; et, si elle faisait son apparition, si elle provoquerait un malaise, si elle induirait quelque chose de dévalorisant pour celle/celui sui se sent impliqué. ça, c'est difficile à dire. Je pense que ce ne serait pas neutre quand même.
J'ai bien compris que le biniou n'émanait pas de Mozilla. En revanche je n'avais pas connaissance du billet dont vous parlez. La réponse de Mozinet est intéressante en effet, on voit que le problème de l'appartenance de l'image est posé (risque de détérioration, de non maîtrise si on la laisse "open"). Mais je pensais à une réflexion préalable à la prod de femfox en fait, qui elle n'a pas eu lieu de la part de l'auteur de femfox ; si une initiative perso est admise et fait partie de la règle du jeu de la com du libre, Mozilla ne doit-il avoir droit de regard, justement au nom de ce principe de "prendre part " ? ou alors... Pourquoi ne pas imaginer une sorte de "licence" de com inspirée de creative commons, pour réduire le risque ?
Oui, flo, vous pointez mieux que moi ce qui motive ma réaction à ces images, et que je cherche depuis quelques jours : je ne semble vraiment pas, tout au fond, avoir une once de machisme, et ces images ne sont évidemment pas vues de la même manière dans et hors de ce contexte
Permettez-moi de plaisanter : est-ce à dire qu'il a encore une lueur d'espoir au royaume de la masculinité sociale ? ;)
Bon, pardonnez-moi cette dernière phrase, et soyons sérieux : d'une certaine manière, l'image en elle-même, au moins dans ce cas précis, est neutre. En revanche, le contexte où elle est lancée et la manière dont il est assumé par les auteurs ne l'est pas.
La responsabilité des auteurs est à l'évidence d'anticiper ce contexte. Il me semble, à moins de soupçonner une effroyable duplicité, que les 3 auteurs de femfox donnent tous les témoignages d'une certaine sincérité sur ce point, dans la ligne : "nous savons que ces images risquent de heurter des sensibilités; ce n'est pas notre objectif et cela se traduit dans l'évolution de notre travail" (point sur lequel on a trés peu porté attention: de la première image à la plus récente, il y a tout un monde).
Une image de ce type existerait-elle dans un contexte où le machisme n'existerait pas ? je crois que oui, parce que les ressorts de ces images ne se limitent pas aux stéréotypes du machisme. Ah... c'est peut-être un écueil, cela ?
(Je suis un habitué du commentaire en deux temps, désolé)
Toutes mes excuses d'être bref et d'évoir répondu avec une question finale, mais vous savez ce que c'est : on est parfois charette, et là, mon travail m'appelle avec insistance ;)
Elles existeraient peut-être, mais alors ce seraient les autres ressorts qui seraient travaillés à l'objectif, probablement. Donc on peut imaginer que sur une même thématique, le résultat photographique ne serait pas exactement le même. Tenez, prenons un exemple volontairement forcé : vous pouvez photographier une étoile. Une étoile dans le ciel. Une étoile de mer. Une vraie étoile de mer. Une étoile de mer dessinée. Une étoile dessinée sur un dos, comme un tatouage. Ou une étoile jaune. C'est toujours une étoile, et une image d'étoile. Mais ce n'est pas la même étoile, la façon dont vous construisez l'image de l'étoile va diriger le regard. Après, bien sûr, le nouveau regard de ceux qui verront l'image va se superposer. Poussons : à quel moment l'image est-elle construite ? au moment où l'oeil du photographe cible et cadre son sujet ? A la prise de vue, première fixation de la lumière ? au développement ? A la révélation sur le support ? Au moment où d'autres regards vont fixer l'image ? mais ces graves questions ne permettent pas de penser que "tout dépend de comment on voit ça", sauf si on est dans un contexte purement artistique.
Avez-vous vu la série de Bettina Reims dans les chambres d'hôtel ? si oui, qu'en avez-vous pensé ? moi ces images-là m'ont fait me poser beaucoup de questions.
Trackback manuel :
Et après on passe à autre chose...
(J'arrive comme un cheveu sur la soupe - mais pour ce qui est d'un produit informatique vendu comme femme désirable, il y a tout massivement Alice - à part ça ce que tu dis et redis, Kozlika, me semble à ce point évident que tout ce débat m'ahurit... : on a raison, parfois, de ne pas prendre le temps).
La fille est pas franchement dénudée dans Alice, et vu le nom de l'opérateur je l'aurais mal vu avec un homme.
Quand même étonnant, tout ce tintouin pour une pub ni plus, ni moins géniale que beaucoup d'autres !
Esthétique et un peu creux, ben oui, d'accord. Et alors ? Cela mérite-t-il une telle levée de boucliers, à la manières de n'importe quel fanatique (religieux, féministe ou autre) qui se sent offensé dans ses croyances/convictions/dogmes ...
Même Tristan a dû baisser son pantalon (au propre d'abord, au figuré ensuite) ... tiens, je préfère encore la réaction sanguine de Daniel (http://www.glazman.org/weblog/dotclear/index.php?2006/02/20/1556-et-merde) !
Loren, ici ce n'est pas une tribune ni un forum, ni un site d'opinion mais un blog personnel. Que ça vaille le coup de parler de ceci ou de cela ne regarde que moi, ne relève que de mon humeur du jour, je n'impose par ailleurs à personne de venir me lire et ne suis le porte-parole que de moi-même. Si je me sens offensée par la cuisson des légumes à 100° j'en parlerai ne t'en déplaise ; ça te désole peut-être mais c'est ainsi que je conçois mon petit coin de web. Note que tu as le choix de m'ignorer superbement, c'est une option à ne pas négliger.
Mais si tu tiens absolument à me faire connaître ton avis sur ce que je raconte (et tu noteras que je laisse mes commentaires ouverts, ce qui n'est pas le cas de ton couillu Daniel), il serait assez opportun que tu lises ce que j'ai écrit histoire de ne pas te trouver totalement à côté de la plaque. J'attire par exemple ton attention sur le fait que la réponse à ta première phrase s'y trouve.
Rentre tes griffes, Kozlika !
Evidemment, tu peux écrire ici tout ce que tu veux, mais c'est quand même - un peu - pour que d'autres te lisent, non ? Et puisque tes commentaires sont ouverts (je t'en remercie), je me suis cru autorisé à y donner mon avis, même s'il détonne dans le concert de la meute !
Et puis j'espérai mieux : "ce couillu de Daniel" possède en effet - on peut le supposer - une paire de couille comme tu possèdes sans doute une paire d'ovaires ... crois-tu qu'étaler ces accessoires comme attributs essentiels de l'un ou de l'autre constitue un argument ...?
Bon et chaste vent !
Kozlika a écrit "ici ce n'est pas une tribune ni un forum, ni un site d'opinion mais un blog personnel. Que ça vaille le coup de parler de ceci ou de cela ne regarde que moi, ne relève que de mon humeur du jour, je n'impose par ailleurs à personne de venir me lire et ne suis le porte-parole que de moi-même."
Voilà un truc vraiment mis à mal sur le Standblog ces dernieres semaines... Comme j'aimerais pouvoir dire ça !
Et oui, Tristan... D'ailleurs ça vaut aussi pour mon blog ! Hum... ;-)
diversion ou presque
Droop, zebob : La campagne Alice est bien pire encore dans la mise en scène du poncif, même si la fille est "moins déshabillée". Ce n'est pas la nudité qui fait problème dans ce genre de choses : ansi, la caricature accompagnant, jadis "y'a bon Banania", ne montrait pas de nu, mais elle n'en était pas moins le reflet d'un racisme banalisé et total. D'une idéologie sous-jacente, non fabriquée par l'annonceur ou le dessinateur, mais qui s'insinue dans les représentations du quotidien, et dont le contributeur ne peut se dédouaner totalement. Les poncifs de la campagne Alice sont de cette mouture. Tout comme bien des représentations liées au féminin : ainsi, la mythologie iconographique de la pin up, relève, elle aussi, du genre.
Chez Alice (ex tiscali si je me trompe pas), ils vont même plus loin puisqu'ils sont allés jusqu'à chosir un nom féminin qui détermine toute leur campagne publicitaire. (ce qui est assez suicidaire du point de vue marketting d'ailleurs puisque cette marque s'enferme une fois pour toutes dans cette voie sans possibilité de changement de communication). Pour ce qui est de Banania (qui a d'ailleurs il me semble récemment présenté ses excuses, il était temps !) l'époque n'était pas la même, même si ça n'excuse rien. Là on est en 2006, quand même, merde !
Tu as oublié un autre fameux exemple : la forme des petites bouteilles en verre de coca-cola !
Ah oui, y'a encore pire que Banania : le rhum negrita, qui doit toujours exister, non ?
exactement. Voilà ppurquoi on peut considérer la campagne Alice comme pire. Nous sommes d'accord sur la lecture à faire de ces campagnes, chacune dans leur époque (car chaque époque porte ses valeurs et ses dévaleurs). Le nom de Négrita en effet relève de la même construction, il convoque une imagerie péjorative. La forme des objets maintenant : là c'est plus délicat, même si la question se pose. Il y a des objets très directement connotés (les vêtements sont les plus évidents), il y en a d'autres qui sont simplement évocateurs, ou qui même vont vers une forme d'autodérision ou de renversement esthétique. Il y a une tendance à l'envahissement de l'évocation sexuelle, globalement, il faut bien le reconnaître. Y a-t-il discrimination pour autant dans le design ? Il est vrai que nous avons tous tendance à lire des formes "féminines" ou "masculines" : est-ce un effet de discrimination ou de différentiation ? Là, je trouve que c'est difficile à dire.
Pour Coca Cola, je parlais de leur publicité d'après guerre montrant clairement sans ambiguités que la forme des bouteilles provenait des formes d'une demoiselle... Aujourd'hui, la question ne se pose plus, puisque les bouteilles coca cola en plastique sont moches de toutes façons !
Tiens, j'ai vaguement le souvenir d'une ancienne publicité de Perrier qui avait été censurée à l'époque... Ca dit quelque-chose à quelqu'un ? Si je me souviens bien de cette pub orgasmique, je n'arrive pas à savoir si l'image était plus dégradante pour les hommes ou les femmes ! ;-)
awé, en effet, je n'avais pas pigé la référence. Là oui, il y a "pinupisation" ! Mais tiens, j'ai un contre exemple en tête. Aujourd'hui, on a un objet de conso qui mime le corps féminin : c'est le flacon du fameux parfum de JP Gaultier (buste avec corset). Celui-là à mon avis n'est pas discriminant : l'esthétique procède à un détournement. Même chose pour le parfum "Le Mâle" et sa campagne. La notion de séducion est renversée, le rapport de force est absent, tout se joue sur un truc très ludique.
Je pense que la campagne Perrier a été outée parce qu'elle a été jugée trop sexuelle, tout simplement. En un sens remarque, il faut bien comprendre qu'on ne peut pas exposer un public où il y a des enfants à des contenus sexuels explicites. Et encore moins il est vrai lorsque ces contenus donnent lie uà des associations péjoratives, que ce soit pour hommes ou femmes.
(La campagne Babette méritait 100 fois davantage de se faire jeter aux orties. ça, c'était un gros gros gros problème.)
Flo > Pour en revenir à Alice, tu remarqueras que tout est transparent, sauf sa robe ... :-p
Loren, « couillou de Daniel » faisait référence à ton allusion à Tristan qui aurait selon tes termes « baissé son froc au propre comme au figuré » et à rien d'autre.
"tu remarqueras que tout est transparent, sauf sa robe" Alors on doit en penser quoi, de ce détail qui change tout ? Que c'est bien, ou que c'est mal ?
Vous me faites peur, mes soeurs ! Je me demandes si vous êtes gravement malades où si nous vivons dans deux mondes complètement différents. On a le choix de présenter Firefox (ou autre chose, comme ce blog) sur un fond moche, ou avec un décor agréable à regarder comme cette femme en haut de la page de ce blog, qui n'a sans doute pas plus de rapport avec le produit qu'elle accompagne que la nana de Firefox.
Moi, je préfère avoir quelque chose d'agréable à regarder.
chloé >
Tu en penses bien ce que tu veux. :-)
Ben me voilà bien avancée ! Moi qui voulais penser comme il faut ...
Kozlika, c'est plus crédible, quand on cite quelqu'un selon ses termes et entre guillemets, de le citer vraiment et pas à peu près. Et ta citation ne m'éclaire pas sur le contentieux nébuleux que tu peux avoir avec les couilles d'untel (ou tes propres ovaires).
Les miens vont bien, merci.
Pep, yes!!! rajout de clin d'oeil : chez Alice y a plein de trucs qui manquent de transparence ;)
>les pratiques commerciales (dégroupage sauvage, racolage commercial à domicile et sur les GMS), tarifs avec coûts cachés...
chloe, non non on n'est pas malades, ma soeur. Pas de quoi avoir peur. Et on sait reconnaître un clien d'oeil dans un commentaire...
Tu as raison Chloé, la citation exacte est : ''Même Tristan a dû baisser son pantalon (au propre d'abord, au figuré ensuite) ... tiens, je préfère encore la réaction sanguine de Daniel", ça change quelque chose ?
salut les tribaux, pour pas dire tribal. l'ère de l"intellecte a enfin sonné, je signale la détresse du peuple, celui qui cherche à s'en sortir, celui qui dans un guetto, essaie de sortir, la tête de l'eau vive le peuple, vive les gens, l'autocensure est d'actualité, tout le monde ferme sa gueule, pour éviter le placard, pour éviter les ennuis, tout le monde fait son travail, son labeur, tout le monde se fout de tout le monde, enfin vive nous , nous sommes en démocratie, vive le plus beau pays du monde, comme la roumanie à l'époque... vive la censure et fermons notre gueule, nous savons tous que maintenant toutes les élections quelles qu'elles soient sont truquées, notre voix, ça fait longtemps qu'elle ne compte plus... vivement le pleine emploi et les uniformes inadaptés aux peuples, les habillera tous du même élan: la mort de NOUS Bien à vous cher collègues de l'intellecte pensant....
Baisse un peu l'abat-jour, tant de lumière nous aveugle.