« Assez bien c'est pas assez bien. »
Il est traître le point de basculement qui fait de cette formule le passage d'une féconde exigence à l'insatisfaction permanente. Il a vite fait de transformer la gourmandise des petits bonheurs du jour en soupçon de traîtrise d'idéal, renoncement, médiocrité. On ne se méfie pas assez du potentiel « si c'est pas parfait c'est nul » que recouvre le précepte. Et son confort aussi : puisque rien n'est parfait, tout est nul, et me voilà dispensée de l'ici-et-maintenant cueillons-les-roses-d'aujourd'hui, etc. Les yeux tournés vers les lendemains qui chantent, aujourd'hui n'existe pas. D'ailleurs, les lendemains chanteraient-ils que ça ne serait pas assez, installons-nous donc tout de suite dans une lucide et subversive dépression.