A vos magnétoscopes !
Par Kozlika le jeudi 18 novembre 2004, 09:35 - Lien permanent
(Pour vous mettre dans l'ambiance, préférez ce décor-là.) Arte diffuse ce soir à 19 heures, en direct de La Fenice, La Traviata. C'est un grand événement que cette réouverture du Gran Teatro de Venise, fermé depuis huit ans à la suite l'incendie qui l'avait détruit, pour la deuxième fois dans son histoire.
Je ne connais pas cette mise en scène mais Carsen ça ne peut vraiment pas être nul. La soprano Patrizia Ciofi devrait être une Violetta émouvante. Je l'avais trouvée formidable dans Lucie de Lammermoor au Châtelet il y a trois ans ; elle y remplaçait Natalie Dessay qui avait des soucis de santé (les mêmes d'ailleurs que ceux qui lui ont fait annuler ses prochains concerts :-( ). Et pour qu'elle m'épate alors que c'était la Dessay que je venais voir et pas elle, c'est dire !
Le reste de la distribution jouit d'une bonne réputation mais je ne saurais vous en dire plus je ne les connais pas vraiment.
La Traviata est je pense l'opéra le plus célèbre de tout le répertoire. De nom en tout cas. Mais certains airs sont familiers même à ceux qui ne s'y intéressent pas du tout. Musiques reprises dans des pubs (le fameux « Libiamo » qui a servi au bas mot à trois marques de désodorisant, jambon, téléphonie mobile), musiques reprises dans les jeux sur PlayStation, etc. Il est d'ailleurs toujours assez étonnant et amusant de se rendre compte qu'on va voir un opéra dont on pense ne rien connaître et qui recèle pourtant tant d'airs familiers.
Je ne sais pas du tout ce que peut donner la découverte d'un opéra à travers la petite lucarne. Peut-être que ça tombe complètement à plat. C'est pour ça que je vous disais d'enregistrer : si certaines scènes passent mal, on peut toujours aller voir la suivante si ça s'arrange...
Un avant-goût peut s'écouter dans le juke-box, la piste d'appelle « Cotrubas & Milnes - Dite alla giovine », un duo superbe que j'ai commenté quelque part dans ce billet dans les morceaux ajoutés le 13 juillet.
Commentaires
C'était très émouvant à plusieurs titres : d'abord la renaissance de ce majestueux bâtiment, emblématique de la ville de Venise et de son histoire musicale. Un lieu féérique à l'accoustique flamboyante qu'ont cotoyé des compositeurs comme Verdi ou Wagner. L'idée même d'une reconstruction à l'identique de cet édifice est magique.
Pour ce qui est de cette version de La Traviata. J'ai été enthousiasmé par le trio vocal principal et tout particulièrement par Dmitri Hvorostkovsky et par l'étincelante Patrizia Ciofi. Elle est sans reproche, son jeu a été parfait. Son timbre de voix est exceptionnel dans ses aigus et dans sa tessiture basse.
Pour ce qui est de l'interprétation musicale, rien à dire. Le fougueux Lorin Maazel (que j'adore dans Mahler) a été une fois de plus orginal. Il donne du tonus à la partition que ce soit grâce à sa façon de mettre en valeur ici et là les pizzicati, mais également par la retenue qu'il a lorsqu'il souligne une émotion de Violetta ou une danse des fêtards. C'est un très grand.
Seul reproche à ce spectacle : la mise en scène et surtout les décors et les costumes. (plus les décors que les costumes d'ailleurs)
C'est à peu près du n'importe quoi : des danseurs cow-boys, une téloche au milieu de la scène, un échaffaudage, des pots de peinture, un deuxième acte qui se passe au beau milieu d'une clairière, Violetta allongée sur le sol pendant le 3ème acte, des gens qui sortent d'on ne sait où… bref ça m'a déçu de ce point de vue là.
De l'originalité à tout prix : bof.
Pourtant l'idée de la renaissance de la Fenice est obniprésente (justement l'échaffaudage et les peintres) mais les clins d'œil à Helmut Newton (sont un peu aguicheurs) et le décalage avec l'histoire… ça détraque complétement l'intrigue.
Je suis peut-être un peu sévère (mais à chaud, je le suis toujours un peu)
La traviatta a été mon 1er opéra...et à ma grande honte depuis je n'ai plus eu l'occasion d'y retourner...
La mise en scène avant-guardiste adoptée (l'héroine était atteinte du Sida dans cette mise en scène là) avait declenché l'ire absolue des petits vieux bourges assis aux 1ers rangs et il avait sifflé et hué à s'en décrocher le dentier.
Mais je me souviens que perchée tout en haut, dans ma place inconfortable à 6 euros, j'avais trouvé que c"etait une des plus belles choses qu'il m'ait été donné de voir & d'entendre.
Résolution 2005 : Aller voir un opéra !
Excellente résolution, Parisian Smile ! Et si je peux déduire de ton pseudo que tu habites Paris, ça ne devrait pas être trop difficile à mettre en oeuvre !
Violetta soumise à l'ostracisme à l'égard des personnes atteintes du sida me semble être une transposition tout à fait pertinente. Encore faut-il y mettre de l'intelligence et du talent. Etait-ce le cas dans la production que tu as vue ?