Tant pis pour l'humanisme
Par Kozlika le dimanche 10 décembre 2006, 23:29 - Lien permanent
Mais bordel de merde, que ce salopard soit mort dans son lit, ça me donne des aigreurs d'estomac.
Pour moi le 11 septembre, c'est d'abord ça. Le coup d'Etat au Chili le 11 septembre 1973, l'arrivée des réfugiés ici, des nouveaux au lycée au regard empli de peur, leurs histoires effrayantes, et leur douleur loin du pays, loin des leurs et sans nouvelles des disparus.
Commentaires
Voui, on est plutôt des tendres habituellement, mais çui là nous donnerai presque envie de croire qu'il y a une vie en l'au-dela. Avec accessoires.
anita, mais non, il risque rien, ils nous l'ont bien répété la semaine dernière, "il a reçu l'extrême-onction". Direct au paradis, version catholique et espagnole, comme Franco.
Pinochet est mort dans son lit à 91 ans. Nixon est mort dans son lit à 81 ans. Kissinger mourra dans son lit à plus de 83 ans. Et les mères, les femmes et les enfants des disparus du Chili mourront dans leur lit sans savoir ce qui est arrivé aux leurs. Domez, bonnes gens, il est tard et tout va bien...
"Dormez", bien sûr.
Doublement honte ce soir : - qu'il existe des types si dangereux aux autres qu'on en soit réduit dés l'annonce de leur mort à se dire ouf enfin (et d'en être à cause d'eux soi-même réduits à s'en réjouir) ; - que l'humanité soit incapable d'organiser une justice et que de grands criminels de cet acabit soient épargnés de (presque) tous soucis et puissent en glorieuse impunité mourir d'âge chez eux dans leur lit.
Pour le 11 septembre, moi aussi.
Mourir sans savoir ce qu'il est advenu de ceux qu'on aime est probablement une des plus grandes peines, LeChieur a raison d'en parler.
Ca fait mal de savoir que ce mec est mort. Enfin, si, ça fait presque plaisir, mais pas comme ça. Je pense à mon pote Rodrigo, chilien donc, qui a dû quitter sa patrie tout petit et n'a pas pu y revenir avant que ses parents ne soient décédés en exile parisien...
Ce n'est pas tant qu'il ne soit pas mort dans son lit qui est choquant, mais que son lit ne fut pas entre quatre murs très serrés...
Tu as parfaitement raison, GM.
Comme on dit dans ces cas là, l'histoire jugera...
Le plus important n'est pas tant de satisfaire le légitime esprit revanchard des mères chiliennes mais d'assoir la démocratie au Chili. C'est ce qu'on fait les communistes espagnols en 77 dans un congrès mythique où le secretaire général Carrillo a laché les mots tant attendus, "tournons la page dela guerre civile et du franquisme". C'est ce qu'a fait de façon exemplaire le gouvernement Mandela en Afrique du Sud, en conciliant l'inconciliable : le besoin de faire le jour sur les crimes commis et l'indispensable amnistie pour assurer la stabilité du pays. Pinochet est mort,
personneseul Mme Tatcher le regrettera. L'important c'est pas de le faire crever lui et ses généraux en prison mais d'enfin expliquer aux mères chiliennes ou et comment sont morts leurs enfants...Les Etats ont une fâcheuse tendance à reculer le temps du procès et à préserver les criminels politiques et/ou de guerre. Toutes proportions gardées (mais sans rien d'anodin pour autant), la France a gentiment amnistié en 68 ses criminels de guerre (Algérie) : résultat, entre autres ? L'un d'eux est à la tête du parti d'extrême-droite qui passe pour un "parti comme les autres" et auquel des subsides publics sont versés chaque année (je ne nomme pas pour éviter des emmerdes à notre tenancière préférée, ces gens dégainent l'outil juridique assez facilement, mais je pense que tout le monde aura saisi). Bien sûr, il y a aussi des condamnations. Mais trop qui sont assurés de pouvoir mourir dans leur lit, entourés de tous les soins médicaux que leurs victimes n'auront jamais eu après avoir été livrées aux soins des bourreaux. L'histoire Pinochet est emblématique de cette lâcheté, de ce déni politique. Juste une nuance de divergence avec l'avis d'Asbel : les mères chiliennes savent comment sont morts leurs enfants ; je pense que l'important était réellement de juger et condamner les coupables. Cela fait partie de la reconstruction collective, on ne peut pas se contenter de dire "ok tournons la page et soyons positifs", le jugement est un performatif politique. Là, il y a un vide collectif, un "dit" essentiel qui manque à l'appel.
J'aimerais dire un mot sur le coup de l'extrême onction : je ne suis pas sûre que cela soit en rapport avec l'affaire, que ce soit sur le même plan je veux dire. Selon moi, cela ne met pas l'Eglise du côté du criminel, j'ai l'impression qu'il y a un amalgame de fait parfois ; le sacrement est sur un autre registre, et celui-ci n'est pas l'équivalent d'une absolution (sauf erreur de ma part, corrigez dans ce cas). Mais bien sûr, on se demande si les familles des victimes ont eu un geste de la part de l'Eglise. Et bien sûr, la dimension politique du geste est là, "dans le siècle", elle n'est pas effacée... et perso je suis plutôt désagréablement surprise que l'Eglise excommunie plus facilement une femme qui entre en prêtrise qu'un meurtrier de masse.
Désolé de briser un peu cette ambiance de détestation en toute bonne conscience, mais quand tout le monde est d'accord pour accabler quelqu'un, il faut que je prenne sa défense, même et surtout si c'est quelqu'un pour qui je n'ai pas de sympathie particulière. Augusto Pinochet était un dictateur, c'est acquis. Il est arrivé au pouvoir par la force, ce qui n'est généralement pas bien, en renversant un pouvoir démocratiquement élu, ce qui est toujours condamnable. Cette arrivée par la force a entraîné une répression à l'égard de l'opposition, avec beaucoup d'exécutions sommaires, environ 3000 (3197 en additionnant morts identifiés et disparus selon la commission Vérité et Réconciliation). Mais d'entrée, dire que le 11 septembre, c'est en 1973 plus qu'en 2001, c'est oublier que dans les deux cas, le nombre de victimes est sensiblement identique (2986 en comptant les pompiers et sauveteurs accourus sur les lieux), et qu'elles sont aussi innocentes dans les deux cas. Cette comparaison me semble assez discutable. Et historiquement, le 11 septembre 2001 aura plus d'impact sur l'histoire du monde que celui de 1973.
Augusto Pinochet a quitté le pouvoir volontairement, après son échec au plébiscite prévu par la constitution de 1980, qui a eu lieu comme prévu le 5 octobre 1988. C'est rappelé dans la page en espagnol que tu lies sous le joli mot de salopard. Il a donc organisé la transition vers un gouvernement démocratique, qui a vu l'élection de Patricio Aylwin le 14 décembre 1989. Cette transition a vu le rétablissement du multipartisme : le Chili a eu deux présidents de gauche depuis 1989, la deuxième étant actuellement en poste, fille de victime du régime, sans que l'armée sorte des casernes. Un des points de cette transition négociée était l'impunité de Pinochet. Tout le monde n'a pas eu cette protection, et le général Contreras, ancien chef des services secrets, purge actuellement une peine de 12 années de prison avec son second Espinoza.
Quant à Allende, qui a des rues, places et MJC partout en France, on en a fait une icône de la démocratie, en faisant abstraction de la situation de guerre civile larvée et de chaos qui régnait au Chili en 1973. Bien sûr, sa politique marxiste n'est pas en cause, puisqu'elle a marché partout dans le monde, c'est la faute de la CIA et des américains. Que Nixon ait déstabilisé le régime Allende, c'est une évidence. La peste soit de ce pays qui réagit quand on porte atteinte à ses intérêts. Mais l'économie dirigée qu'instaurait Allende à grands coups de nationalisations a eu les effets habituels : baisse de 10% de la production industrielle, inflation de 500%, pénurie dans tous les commerces.
Tes copains de Lycée, Kozlika, je les ai connus puisqu'ils étaient mes profs d'espagnol. De la quatrième à la seconde, on m'a soûlé avec ce salaud de Pinochet, quand ce n'était pas avec cet enfoiré de Franco. Plus qu'une langue vivante, c'était une classe d'éducation politique. Je ne reconnaissais pas l'Espagne dont on me parlait en cours dans celle ou j'allais chaque année. Les Espagnols avaient tourné la page de la guerre civile depuis longtemps, ils dansaient, chantaient, buvaient et faisaient l'amour dans l'euphorie de la liberté retrouvée dans la paix qu'était celle des années 80. C'est en France que les enfants des républicains entretenaient la flamme de la rancoeur. Et il en allait de même pour le Chili. La leçon a bien porté ses fruits, à vous lire.
Quand j'entends dire aujourd'hui que c'est un des pires dictateurs du XXe siècle qui est mort, les bras m'en tombent. Sans citer les Big Ones, Staline, Hitler, et Mao, la répression en Argentine a fait 30000 morts dans un pays qui n'a que deux fois plus d'habitants (Ha oui mais soutenus par l'URSS, ils devaient pas être si méchants que ça...). Idi Amin Dada est déjà oublié, Mobutu pardonné, Pol Pot passé par pertes et profits, Saddam Hussein élevé au rang de martyr, et sans aller si loin, la Terreur, c'est vingt fois Pinochet, la guerre de Vendée, cent fois. Mais non, Pinochet est la figure qu'il faut haïr, il n'y a pas pire, la preuve : les catholiques l'ont soutenu, plutôt que de se jeter dans les bras des marxistes qui leur voulaient tant de bien.
Pinochet est mort, bon vent. Dans son lit, grand bien lui fasse. Ce n'est certainement pas un héros, mais le costume de salaud parfait que vous lui taillez n'est pas ajusté à ses épaules.
Ha, ils sont beaux, les guerilleros dansant sur le cadavre d'un grabataire en chantant victoire.
bin en fait Eolas tu ne le défends pas... Tu replaces dans un contexte. Très justement d'ailleurs. Sauf que : le fait qu'une mythologie de la figure du tyran se soit construite autour de son nom n'amoindrit pas les faits. Qu'il y ait eu pire ne diminue pas les faits. Que des amalgames et des rapprochements plus ou moins adéquats soient faits ne diminue pas les crimes. ça veut peut-être tout simplement dire qu'il n'y a pas que Pinochet, et que le focus ne doit pas aveugler sur l'ensemble de l'image. Mais il y a Pinochet, aussi. Qu'il ne soit pas le seul n'est pas une circonstance banalisante.
@flo : Nous sommes d'accord. Mais eu égard au nombre de dictateurs morts dans leur lit dans l'indifférence générale quand bien même ils avaient un bilan à faire frémir Pinochet lui même, c'est l'un poids, deux mesures qui m'irrite profondément ici. A cause de ce que tu appelle très justement la mythologie qui s'est bâtie autour.
Notre bonne fée à tous s'évertue à démolir avec rage nombre de mythologie, je m'émeus donc de la voir tomber dans celle-ci.
Cher maître, j'ai découvert votre blog très recemment, à l'occasion d'un post fort interessant. Vous vous y interrogiez sur le fait que l'on considère , ou non, deux jeunes crétins comme des voleurs de mobylette selon qu'on considère le déplacement de l'objet: a) comme une tentative de vol avérée b) comme une experience scientifique d'observation de la serrure de l'antivol.
Je suis très heureuse de voir la cohérence de votre argumentation. En effet le déplacement de nombreux corps d'un hélicotère vers la mer peut s'entendre comme a) un recours institutionalisé à l'assassinat suivi de dissimulation de cadavre. b) une experience d'observation balistique tout à fait honorable chez un militaire.
Bon , je vous chicoune, parce des fois, je suis comme vous, j'aime bien prendre le contrepied. Mais franchement, çui là, il est pas sauvable! Quand à l'Espagne avant Franco, oui des gens buvaient et faisaient la fête. Pas tous. Des femmes boivent et font la fête en Arabie Saoudite. Pas toutes.
Videla, allié de l'URSS ? Les bras m'en tombe…
Pisque c'est comme ça je dis qu'il se produit un phénomène de dédoublement sémantique. Il y a le Pinochet "réel", contingent, historicisable et reconstructible d'après des faits, et il y a une sorte d'icône formée par la fusion du sens contenu dans "Pinochet" et celui contenu dans des notions telles que "dictateur", "tyran", tortionnaire. L'icône devient l'incarnation collective des notions. Finalement c'est très chrétien comme problématique, l'Incarnation. Depuis JC, on fait ça très régulièrement.
ok je sors. D'ailleurs on sort pour de vrai ce soir !
Moi, chuis d'accord avec Eolas : Il y a bien pire que Pinochet, réhabilitons le.
Merci de citer mon billet Kozlika, et je profite de cet espace ouvert pour faire quelques commentaires et surtout éclaircir certains points.
Pinochet, pour des raisons que je ne commenterais pas a été considéré comme l'icône des dictateurs d'extrême droite. C'est un dictateur d'extrême droite, c'est un assassin. Comme je le dis dans mon billet que tu références, il y a eu bien pire. Je parle surtout de l'Argentine dans mon blog et j'ai voulu faire une comparaison entre les dictatures des deux pays.
Eolas reprend et développe très bien ce que j'ai voulu dire. Merci à lui, cela m'évite de faire un long commentaire.
Il n'est pas question de faire un concours, ni de savoir qui est le plus méchant.
Suite à cela, je me fais traiter dans cet article de représentant de l'extème droite sud-américaine.
On se demande vraiment où certaines personnes vont prendre leurs cours de lecture rapide. Aucune importance.
Il me paraissait important et c'est la raison pour laquelle j'ai fait ce billet, de monter combien la dictature argentine avait été plus meurtrière et plus féroce que celle de son voisin. Videla et consorts sont encore en vie, on en parlera moins que Pinochet, cela me navre.
Faut-il encore les avoir vécues ces dictatures, en avoir vu quelques victimes, avoir parlé avec elles. Avoir vu comment la majorité de la population se comporte dans ce genre de situation. La peur fait vite place à la plus intolérable des bassesses. C'est la vie, nous n’avons pas beaucoup de leçons à donner à ce sujet.
La deuxième chose que je voulais faire, ce n'est pas la première fois, je sais j'irrite, c'est de faire un parallèle entre Pinochet et Castro. On peut penser ce qu'on veut, mais pendant les dictatures c'est la population qui souffre.
Je n'ai d'indulgence ni pour les uns ni pour les autres soyez-en persuadés. Pour terminer je remets in extenso la réponse que j'ai faite aujourd'hui à une personne qui me disait qu'il n'était pas facile de critiquer Castro, car on lui trouvera mille excuses :
''Bien sûr, mais d’un autre côté, la presse anticastriste a toujours été d’une nullité profonde, chargée de haine et d’exaltation de telle sorte qu’il était bien difficile de la lire sans avoir envie de prendre le point de vue inverse. Pas très facile quand les images d’Épinal se substituent à la réalité, que l’on forge des héros qui n’en sont pas avec grande intelligence d’un côté et que de l’autre on veut déboulonner leurs statues avec peu d’esprit et de la mauvaise foi. L’histoire reconnaîtra en prenant son temps les erreurs des uns et des autres, une dictature d’un coté, sanguinaire certes, et de l’autre une profonde volonté de ne pas lui donner la moindre occasion de s’en repentir normalement, de créer cet abcès de fixation et de le maintenir ainsi pour faire un exemple de ce qui ne doit pas être fait. Pour toutes ces raisons, il y aura dans quelques semaines des explosions de joie à Miami, des regards qui se tourneront ailleurs autre part et que je pourrais encore écrire, de la même manière que les bigots ne se trouvent pas là ou je pensais les voir.''
Patrick, j'ai lié ton billet car il me semblait intéressant, je le pense toujours. Tu mets en perspective avec d'autres dictatures et c'est bien.
Néanmoins, à toi comme à Eolas, je voudrais faire remarquer deux choses.
C'est Pinochet qui est mort, et pas Videla, c'est donc la mort de Pinochet que je commente. Aurais-je commenté la mort de Videla ou celle de Castro ? Le ferai-je ? Je n'en sais fichtre rien, je suppose que ça dépendra de l'humeur du jour. Je n'ai pas pour habitude de commenter régulièrement l'actualité, vous le savez bien.
Dois-je parler de toutes ou d'aucunes ? Dois-je ne m'insurger contre telle discrimination qu'à condition de les évoquer toutes ? (J'évoquais justement ce sujet récemment, à l'occasion de la journée nationale contre le sida, d'où cet exemple.)
Deuxième chose : outre mes copains Chiliens du lycée, dont je parle ici parce que Pinochet est mort hier, il y en avait beaucoup de toute l'Amérique du Sud en fait. Si Videla était mort, j'aurais pensé à Santiago, qui fait des scénarios de cinéma maintenant. Mais hier j'ai pensé à eux, aux copains chiliens.
"Mais non, Pinochet est la figure qu'il faut haïr, il n'y a pas pire, la preuve : les catholiques l'ont soutenu, plutôt que de se jeter dans les bras des marxistes qui leur voulaient tant de bien."
Effectivement, c'est une circonstance aggravante à porter au débit de cette vieille baderne.
Maître Eolas, votre acte de candidature est remarquablement bien troussé et comme d'habitude argumenté au millimètre, il est hélas trop tard : le dictateur retraité que vous souhaitiez si ardemment défendre n'a plus besoin des services de personne. ;-)
Plus sérieusement, je suis un peu dans le même cas de Kozlika : entre souvenirs directs de la mort d'Allende et souvenirs de réfugiés d'Amérique du Sud qui avaient l'âge d'être mes amis et pas seulement mes profs (avec l'éventuel agacement induit que j'aurais moi aussi éprouvé dans ce cas face à ceux qui ne peuvent (plus) taire leur opinion et dont on est un public captif). C'est pourquoi ce dictateur là d'entre tous, son sort ne m'était pas indifférent. Je ne suis pas capable de raisonner purement politiquement. Je ne suis qu'une être humaine qui en a écouté d'autre et comme en l'occurrence je n'étais et ne suis en charge de rien d'autre que ma propre opinion, je ne vois pas pourquoi je ferais taire ma part d'affectif.
Il est donc normal que nous n'ayons pas le même point de vue.
Bonsoir à tous !
@Eolas : je suis tenté de te répondre que pour ma part, les Pol Pot, Amin Dada and consor sont loins, très loins d'être oublié. De plus, ce n'est pas parce que la terreur a fait plus de mort que Pinochet, que celles qu'il a provoqué doivent passer dans la simple colonne "dommages collatéraux". Ou alors je n'ai pas bien du saisir ton propos.
@Kozlika : et aux autres d'ailleurs... puis-je savoir ce qui vous conduit à tant de rancoeur ? Ce fumier est mort ! Que ce soit dans son lit ou au bout d'une corde perso, c'est un peu tard pour disserter dessus non ? Le résultat est le même, de toute façon, il est clair qu'il ne l'emportera pas au paradis alors à quoi bon ?
Zzz., pourtant bien gueulard-franchouillard à ses heures aussi mais des fois faut savoir se contenter de ce qu'on a.
sur ce je signale malgré tout que j'adore ce blog et la pertinence de ce que j'y lis.
Bonne nuit ;)
Un peu après la bataille, mais volontairement.
Eolas et Patrick (dans un genre différent, certes) font des comparaisons : Pinochet face à Castro, Videla, et j'en passe.
La comparaison est l'un des pires instruments de la rhétorique, en ce sens qu'elle réduit les termes mis en relation et évite ainsi de penser.
Pire : la comparaison permet de justifier les fautes des uns en brandissant celles des autres : rappeler la Terreur n'a ainsi d'autre but que d'absoudre Pinochet au prétexte qu'il aurait fait vingt fois moins de morts que nos zélés révolutionnaires. Se plonger dans l'abstraction des chiffres tel un brave fonctionnaire vichyste (et paf ! une comparaison, une !), voilà qui est rassurant pour l'esprit.
Il faudrait cependant rappeler qu'un mort est un mort et que X milliers ou X millions de morts ne sont pas que des chiffres au bas de colonnes. Ce sont, à chaque fois, X milliers et X millions de douleurs toujours vivantes.
Alors vos comparaisons, vos savants calculs, vos bilans comptables, vous savez où vous pouvez vous les mettre ?
Ce qui n'est pas rassurant pour l'esprit c'est la lecture que vous vous efforcez d'en faire. Je me cite encore : l’obscénité est là et un seul mort suffirait à la montrer. Le but de mon billet était de se poser la question, fort heureusement comprise par certains, de savoir pourquoi Pinochet était l'icône la plus significative des dictateurs sud américains. Vivant en Argentine et connaissant ses misères il me paraissait nécessaire de rappeler certains faits. Libre à vous de voir ce qui n'est pas dans ce billet et j'aurais un grand plaisir à me le mettre au KA.
Lorsqu'on n’accepte pas de prendre en considération le fait qu'on puisse, de par sa situation géographique, avoir une vue d'ensemble différente que la sienne, confortablement assis et entouré de ses préjugés on est un peu infirme.
Contrairement à vous, là-bas j'y étais et ce ne fut pas une partie de plaisir. Contrairement à vous, j'ai mes amis parmi ceux qui militaient dans l'ERP et chez les Montoneros.
Contrairement à vous, Monsieur Ka, je ne fais pas de la politique réfugié et en toute liberté derrière mon bureau. Aujourd'hui encore je suis sur table d'écoute ce que j'ai pu faire vérifier encore la semaine dernière.
Alors, n'essayez pas de me faire dire ou d'interpréter ma pensée. Elle est libre et ne ressort d'aucun bréviaire.
Je ne parle d'aucune de ces expériences sur mon blog. Navré je n'y suis pas encore prêt, peut-être même ne le serais-je jamais et la seule chose que je regrette c'est que vous m'ayez obligé à le faire aujourd'hui.
Je vous en veux.
Patrick : Une petite boisson fraîche pour calmer les nerfs ?
Cela dit, je cite ce que j'ai lu plus haut :
Il y a eu bien pire. Je parle surtout de l'Argentine dans mon blog et j'ai voulu faire une comparaison entre les dictatures des deux pays.
Eolas reprend et développe très bien ce que j'ai voulu dire. Merci à lui, cela m'évite de faire un long commentaire. Il n'est pas question de faire un concours, ni de savoir qui est le plus méchant.
La dernière phrase est en totale contradiction avec ce qui précède. Et l'ami Eolas - cité en référence - se livre lui aussi au jeu des comparaisons, jeu dangereux s'il en est puisqu'il génère des raccourcis hâtifs et clôt toute tentative de discussion. Là était mon propos.
A part ça, si la boisson fraîche n'est d'aucune utilité je conseille l'infusion.
Je cite Eolas :
Augusto Pinochet était un dictateur (...). Il est arrivé au pouvoir par la force (...) en renversant un pouvoir démocratiquement élu (...). Cette arrivée par la force a entraîné une répression à l'égard de l'opposition, avec beaucoup d'exécutions sommaires, environ 3000 (...) Ce n'est certainement pas un héros, mais le costume de salaud parfait que vous lui taillez n'est pas ajusté à ses épaules.
A partir de combien d'exécutions sommaires a-t-on le droit prétendre au titre de "salaud parfait" ?
Je ne crois pas que le commentaire de Maître Eolas soit un véritable commentaire. Je veux croire qu'il ne s'agit que d'un petit jeu de rhétorique de comptoir, comme on en fait parfois pour occuper l'apéritif. Et qu'Eolas était en si petite forme ce jour-là qu'il s'est emmêlé les pieds dans le tapis. Si ce n'est pas le cas, ce que je refuse de croire, alors il faudrait prendre ce long texte pour ce qu'il est : une insupportable justification de la dictature. Et une belle démonstration de cynisme.
@Patrick
merci pour tes analyses sur ton blog, elles sont intéressantes, posées, calmes et équilibrées. Pour ma part, je trouve intéressant le process "d'icônisation", dans tous les domaines. En histoire et en politique, il se produit d'une façon particulière, il se forme comme une bulle (au sens qu'on donne à ce mot quand on parle de bulle finacière par exemple), j'ai apprécié la vision que tu développes et de lire un point de vue par quelqu'un qui est dans les lieux. ;)