Je n'ai plus l'habitude de travailler en entendant des sons humains autour de moi. Ça, c'est fait. J'ai pris l'ascenseur numéro trois il y a sept semaines (je crois), le seul qui monte jusqu'au vingt-neuvième étage. Une brillante idée de l'architecte cet immeuble en forme de pyramide. D'en bas vous l'admirez. D'en haut c'est l'horreur. La vie existe-t-elle encore en bas ? Vous n'en savez rien, vous ne voyez rien que la façade sans fenêtres de l'étage inférieur.

« Votre réussite est essentielle, nous vous avons réservé la pièce la plus calme du bâtiment. » Ah ça, pour être calme, c'est calme. Je n'ai droit à aucun appareil électronique ou téléphonique, pas de lecteur mp3, pas de téléphone portable ni fixe d'ailleurs, pas d'ordinateur. Une pile de livres, des stylos, des carnets, des fiches bristol. Le lit n'est pas trop mauvais et la bouffe est correcte dans le genre déshydraté. Quand je sortirai d'ici, je fonce au Fouquet's m'éclater, ensuite je m'offirai une nuit au Ritz et quinze jours sur un yacht. Et après ça le premier qui m'emmerde je le crève.

Merde, merde, merde ! Quand je pense aux copains qui sont dans des prépas publiques, à faire la fête un soir sur deux, pourquoi mes parents sont-ils assez riches pour m'avoir collé dans cette ruineuse prépa privée ?

(Sablier 051007)