Apression
Par Kozlika le dimanche 13 avril 2008, 10:34 - Lien permanent
Yapa, je n'arrive pas à adhérer au diagnostic de dépression. C'est peut-être idiot de faire une fixette comme ça sur ce mot, mais pour moi les mots sont importants et vraiment celui-ci ne (me) convient pas. J'ai regardé ce matin encore la définition et la description des symptômes sur des sites et ça ne colle pas, ou en tout cas pas tout à fait. Il y a des points communs, certes, notamment la perte d'énergie, mais le tableau général n'est pas complet.
Il manque des mots au dictionnaire. Celui qui me semblerait le mieux convenir ça serait a-pression. Se mettre dans un état qui autorise de ne s'imposer aucune pression ni physique ni mentale puisque je n'arrive pas à le faire autrement que via une maladie officielle. Alors le corps dit stop et la tête dit je ne veux plus bosser rentable. Oui c'est ça pas d'obligation de rendement me semble plutôt être la clé du truc. Du coup forcément ça mouline un peu à hue et à dia, mais dans le fond ça m'autorise aussi à laisser remonter des pensées, voire des projets et à jouer avec sans crainte qu'ils m'engagent. Du chaos générateur de liberté. Je peux ainsi laisser s'exprimer Anne Fragile aussi, enfant légitime d'Anne Malade.
Alors qu'il y ait beaucoup de points communs entre la dépression et mon apression c'est une chance car quel toubib dirait «oh vous, vous avez juste besoin de vous laisser aller quelque temps, je vais vous accorder des vacances». Et comment je m'autoriserais à sangloter dans un peignoir éponge sinon ? Z'imaginez la honte ? Va bosser feignasse, tiens-toi droite et gère ta boutique.
C'est une chance aussi parce que j'ai reçu plein de cadeaux précieux de mes amis, car ma faiblesse avouée autorise les fortiches, les teigneux, les frimeurs, les mutiques à partager avec moi quelques confidences, quelques secrètes failles ou blessures qu'ils ne se seraient probablement pas autorisés à dire en d'autres circonstances.
C'est une chance aussi parce que je me suis réapproprié ce blog qui ne m'appartenait plus tout à fait. Mon nombre de lecteurs a drastiquement diminué mais qu'est-ce que je m'en fiche alors ! J'ai gardé les meilleurs ;-)
Alors voilà, c'est tout foutraque dans mon intérieur de tête, je ris je pleure, je ne sais pas trop où je vais toussa, mais dans le fond, je sens qu'il en sortira du bon. Et c'est tellement rassurant que je me demande si je ne vais pas en lâcher encore un peu, du lest ;-)
Commentaires
Quand même, t'es drôlement forte, de penser tout ça et d'écrire tout ça. C'est assez admirable, même.
En tout cas merci, ça fait plaisir de savoir qu'on est parmi tes meilleurs lecteurs. Et d'ailleurs tout le plaisir est pour nous.
a-pression, tiens ce n'est pas mal! Il faudrais proposer cela à l'académie de médecine... En fait il existe certainement un mot très compliqué correspondant plus à ton cas, parce que c'est vrai que dépression, c'est très générique et cela recouvre une multitude de formes et de symptôme. En tout état de cause, le côté positif de cette maladie, c'est que souvent, après, l'on repart sur de nouvelle base, plus solide, meilleur, nous correspondant plus ; en tout cas, cela a été mon cas et je te le souhaite...
Pffff! des diagnostics, on peut en trouver à la pelle! Tiens, moi, un temps j'étais JJRH (jeune juive russe hystérique). Après, j'ai été aux prises avec des MPP (méga-problèmes-de privilégiée). A d'autres, j'ai été dans un état proche de l'Ohio.
Profite, profite. Si tu peux l'écrire comme cela, c'est que c'est fécond.
Tiens, je sais: tu souffres d'un EFIRI "etat fécond indeterminé et relativement inconfortable".
Je le savais bien qu'on était les meilleurs :-) !!
Il y a deux ans, j'avais accepté dépression : c'était le seul motif recevable de nos jours pour un arrêt maladie long et que je sois au moins un temps protégée de l'usine. Mais ça n'en était pas une : c'était un chagrin d'amour + un chagrin d'amitié + un épuisement dû aux (autres) épreuves traversées + une incapacité à aller dans trop d'endroits où je ne voulais pas être à la fois (l'usine et les hôpitaux).
Je crois que le seul nom à mettre là-dessus n'est pas celui d'une maladie, mais simplement :
êtres humains
Nous ne sommes pas des robots, pas des trucs de compétition, non, juste des gens, des fois en forme et des fois pas, et des fois tellement malheureux ou épuisés qu'on fonctionne pas. Une réaction à la surpression permanente que la société nous impose n'est pas nécessairement une dépression.
PS : EFIRI j'aime beaucoup.
Mais est-ce que l'on peut être "a-primée" alors ? Tiens, tiens...
Fais gaffe à la sécu ils ne rigolent pas sur les mots !
Moi je voudrais ex-primer, mais je n'y arrive pas bien.
Aujourd'hui j'ai une chemise qui me fait penser à Madama Butterfly, c'est le jour où on s'est rencontré à l'Opéra Bastille et je pense à toi, en tout bien, tout honneur !!!!
Dans le mot "dépression", il y a comme une idée de "déclin". Apression ça me sens beaucoup plus positif comme façon de voir.
Qu'est-ce que je disais déjà ? Ah oui : j'ai gardé les meilleurs ! \o/
Et c'est à cause de ce petit "a" que je me suis retrouvé à manger tout seul dans un bouiboui déprimant à Paris ?
Pffff, et t'as pensé à ma déprime hein ? hein ? Parce que, franchement, entre nous, manger tout seul au resto, c'est vraiment la chose la plus déprimante que je connaisse (et je ne vous parle même pas des restos full VRPs proches des hôtels, ça c'est la misère humaine totale...).
Aymeric > en vrai je n'ai pas osé te proposer de venir jusque chez moi, j'arrive pas à faire ma princesse avec tout le monde encore ;-)
Je veux être compté dans les meilleurs s'il vous plaît patronne ! Dossard numéro 10 (si j'ai bien compté), ça me va très bien au teint.
Ne pas se laisser étiqueter, moi je dis !
J'enrage quand on (médecin ou voisin) diagnostique "déprimé" quelqu'un qui a un gros chagrin.
Mais comme tu dis, c'est avec ce terme-là qu'actuellement on peut communiquer le besoin de soigner quelque chose (d'assez indicible).
Avant ça, il fallait être hystérique. C'était plus rigolo à démontrer, mais les traitements pouvaient être plus sportifs.
A lire éventuellement :
"Folies à plusieurs - de l'hystérie à la dépression"
Mikkel Borch-Jacobsen
http://pagesperso-orange.fr/qualico...
je ne connais ce blog que depuis peu, mais j'aime bien le ton. alors je le suis volontiers dans cette nouvelle voie... j'endosse un dossard de bon lecteur à mon tour!
Laisser tomber tout ce qui encombre, qui pèse trop... une sorte de grand ménage de printemps auquel on se livre à intervalles irréguliers pendant la vie.
Qu'il en sorte du bon, du meilleur, c'est tout ce que je te souhaite.
"Et c'est tellement rassurant que je me demande si je ne vais pas en lâcher encore un peu, du lest ;-)"
Bah voilà, tu y viens au lâcher prise ! ;-) ...
J'aime énormément "apression"...
C'est vrai que "depression" se met un peu toutes les sauces. C'est vrai aussi que ça donne une légitimité qui permet de s'arrêter. C'est reconnu, ça permet de répondre à ceux qui diraient " bouges toi", " je peux pas, j'ai une dépression" Et alors, laisser aller, laisser couler, non pas pour mourir mais pour renaître, l'apression comme un premier pas vers un nouveau soi ...
Et puis, se dire: "j'ai une dépression" n'est pas non plus se dire: "je suis dépressive", entre avoir et être, il y a tout un monde n'est ce pas ... L'avoir, on peut toujours s'en débarrasser, tandis que l'être ...
Par ailleurs et nonobstant, je t'embrasse fort :-)
Je lis avec assiduité votre blog et je vous tire mon chapeau pour la qualité de vos billets. Si seulement je pouvais avoir votre qualité rédactionnelle...
Pour ce qui est du terme cité, je crois bien que malheureusement c'est un mot de plus en plus utilisé !!!! j'en ai été victime moi aussi par mon médecin et j'ai la même réaction que vous. J'en conclus donc que la société actuelle n'est pas faite pour les personnes qui se posent trop de questions...
Bonne journée.
Dis donc "ma princesse" (13), si t'as "les fortiches, les teigneux, les frimeurs, les mutiques" à ta botte, t'es ben partie dans la vie, ce me semble !
(honoré d'en être !)
Coucou !
:-X
Ma parole, mais c'est Ma Parole !
Une petite url à cliquer, s'il vous plaît, monsieur ...
Et puis en plus la dépression ça évoque un trou noir, une chute sans fin, une série de pluie et de nuages…
Alors que l'apression voisine avec l'apesanteur, avec le flottement et un cours suspendu du temps et des choses. C'est beaucoup plus intéressant de voir les choses ainsi.
Merci Madame la Fée. :-)