Les lumières s’éteignent peu à peu. Celle du flux des billets, puis celle des commentaires, le dernier mail collectif, bientôt le dernier message sur le forum, la fermeture des comptes Twitter et Mastodon.

L’aventure de l’Auberge des Blogueurs est finie.

C’était beau, émouvant, stimulant, chaleureux (et disons-le aussi : fatigant !). C’était ce plaisir un peu oublié du pêle-mêle joyeux des projets collectifs, du bonheur d’écrire et de partager, de l’équipe de modos parfaitement soudée, de la réussite — inattendue quant à ses proportions — de notre complot ourdi depuis l’été dernier avec mes deux compères.

On s’attendait à une quinzaine de fadas qui suivraient notre petit délire, c’est finalement une soixantaine qui se sont présentés au guichet des inscriptions, sans parler des quelques-uns qui sans jouer directement ont contribué au montage du projet, qui par un joli plan de situation en aquarelle, qui par ses relectures des règles du jeu, ses conseils juridiques ou son enthousiasme anticipé des lectures d’été ainsi promises.

Je retiendrai la remarquable tenue d’un si grand groupe à faire en sorte que chacun s’y sente bien, à montrer de la bienveillance les uns vis-à-vis des autres, à s’encourager mutuellement, à partager la joie, à tenter d’apaiser les douleurs. Bien sûr ça ne concerne pas la totalité des participant·e·s mais ce serait impossible et ça n’enlève rien à la dynamique générale.

J’observe avec attendrissement de nouvelles amitiés naître ou se renforcer, les échanges d’adresses façon fin de colo, l’entraide déjà proposée pour les relectures, les auteurs et autrices qui prennent le temps et dégagent de la disponibilité pour assurer le « service après-vente » avec les lecteurs sur le forum et les remercier d’avoir été fidèles.

Pour certain·e·s il faudra qu’un peu de temps s’écoule, que le soufflé retombe, avant que la tension et l’investissement émotionnel cessent de les bouleverser et que leur ciel se dégage, mais j’ai confiance que ça viendra. Nous ne digérons pas tous au même rythme.

Je retiens aussi, et je n’oublierai pas — car c’est aussi ça la vie —, qu’il y a des gens qui non vraiment merde quoi, mais ça pèse un pouillème dans l’océan du reste.

Je n’ai pas envie pour le moment — mais j’en ai l’intention plus tard — de faire un bilan plus « studieux » sur les plans de l’organisation, de l’animation, de ce que j’en tire s’il devait y avoir d’autres projets de ce type auxquels je participerais. On a le temps, tout notre temps.

Ah et puis je quitte Jeanne et Joseph avec beaucoup d’affection et je les remercie de m’être tant régalée à les imaginer et les faire vivre. Je reviendrai sûrement aussi là-dessus plus tard, quand j’aurai tout à fait quitté ma casquette d’aubergiste.