Kozeries en dilettante

[…] On s’est installés dans le salon, le carton trônant sur la table basse. Je l’ai ouvert soigneusement comme s’il devait resservir. J’étais émue. Ça ressemblait à mes Noëls d’enfance, quand je prenais soin de ne pas ouvrir trop rapidement, trop goulument, comme si le soin qu’on apportait à ouvrir le paquet lui donnait plus de valeur et respectait mieux son donateur.

Un travail magnifique, dont je te remercie sincèrement. Il reflète la minutie que tu y as apportée. Il ressemble à ce que j’espérais. Il faut désormais que je lui trouve LA place qui lui siéra le mieux, ni cachée ni exhibée. Ni ostentatoire ni voilée ;-)

(Extrait du mail envoyé à Laurent, quand le colis est arrivé.)

Je l’avais en projet depuis l’ouverture de la Galerie du Cabestan : demander à Laurent de faire un tirage platine-palladium d’une photo des parents de mon père dès qu’il ouvrirait l’atelier de tirages de photos personnelles. Ce jour est arrivé ; il s’est passé ensuite plusieurs semaines durant lesquelles j’ai commencé par ne plus retrouver la photo, ce qui m’a beaucoup énervée contre moi-même. Une fois le trésor déterré de sa cachette (dont je n’avais plus souvenir tellement j’avais voulu le mettre à l’abri), Franck m’a aidée à nous organiser avec le gentil Gilsoub pour qu’il scanne l’image avec les instructions données par Laurent et que le lourd fichier soit déposé sur un serveur pour qu’il puisse le récupérer.

Laurent savait l’importance que j’attache à cette photo et il en a pris grand soin, et je ne doute pas qu’il fasse de même à chaque tirage. À distance me parvenait quelques nouvelles de ses travaux, par mail… ou par billet interposé. Des sels de platine et de palladium, mélangés à de l’oxalate ferrique et une bonne dose de tendresse et d’empathie.

Une fois arrivé à la maison, il a encore attendu. Attendu patiemment que nous ayons repeint la pièce, attendu que je sache exactement où le mettre, attendu que j’achète des crochets X, attendu que nous sortions le marteau et que le temps et le courage nous tombent dessus par inadvertance au même moment.

Et le voilà depuis ce matin juste à la bonne place, en bon voisinage avec un autre tirage de la Galerie du Cabestan. Merci mille fois, Laurent.